Mobilisation des JA pour une application stricte de la loi EGAlim
Les JA ont répondu présents à l’appel du 18 janvier 2021 lancé par le syndicat des Jeunes Agriculteurs et la FNSEA. Encore une fois, ils ont fait preuve de réactivité en organisant des manifestations sur l’ensemble du territoire mercredi 20 janvier, seulement deux jours après l’appel à la mobilisation nationale.
Au cœur de la mobilisation, les négociations commerciales qui se jouent actuellement entre les transformateurs et les distributeurs, et qui devraient s’achever le 1er mars. Les JA demandent une application stricte de la loi EGAlim votée en 2018 et la juste rémunération des agriculteurs. Cela fait maintenant deux ans que de belles promesses ont été faites quant à la prise en compte des coûts de production dans le prix payé aux producteurs, mais ceux-ci n’en voient toujours pas la couleur. Pour JA, « la construction du prix en marche avant, c’est-à-dire de l’amont vers l’aval des filières, doit devenir la règle ». Les négociations commerciales qui se déroulent actuellement seront décisives quant aux suites données à la loi EGAlim.
Un esprit combattif, malgré une certaine lassitude
Partout sur le territoire, les manifestations se sont déroulées dans un état d’esprit combattif, mais toujours avec une réelle volonté de discuter pour faire valoir les revendications des agriculteurs. Dans certains départements, les JA ont souhaité interpeller directement leurs députés en se rendant à leurs permanences pour y déposer un courrier en main propre. D’autres JA ont privilégié les rencontres avec la grande distribution. C’est le cas de Bruno Bouche, président des JA Vaucluse qui a fait la tournée des GMS. « Nous avons rencontré les directeurs de Grand Frais, Lidl, Carrefour et Intermarché », indique-t-il. Si un rapide tour des rayons a permis de dénicher des fraudes, « par exemple des potimarrons belges vendus sous l’étiquette France, chez Carrefour ! », Bruno Bouche reconnaît que certaines GMS jouent le jeu. L’Intermarché d’Orange notamment travaille avec des producteurs locaux depuis le premier confinement. « Seuls les aliments qui ne sont pas produits localement sont importés par l’Intermarché, explique Bruno Bouche. Les agriculteurs sont contents, car ils sont bien payés, Intermarché leur achète directement leurs produits sans passer par une centrale d’achat ».
Si quelques lueurs d’espoir émergent çà et là, Bruno Bouche ressent tout de même une certaine lassitude : « Certains agriculteurs sont venus à la manifestation, car ils sont réellement en train de couler » alerte-t-il. Il pense notamment aux arboriculteurs et maraîchers. Mais l’agriculteur de 34 ans se rassure : « Même si on passe par des phases de découragement, je suis convaincu que le syndicalisme a de longs jours devant lui ».
Surveiller les intermédiaires
Alors que les grandes surfaces ont vu leurs chiffres d’affaires bondir en 2020, la pression imposée aux agriculteurs est, elle, de plus en plus forte. Contrairement à ce qui est prévu dans la loi EGAlim, les prix payés aux producteurs n’intègrent pas suffisamment les coûts de production, « une situation qui ne va pas aller en s’améliorant au regard de la hausse des coûts de production (hausse de l’alimentation animale et divers intrants…) », signale le syndicat JA. Pour Charles Perdereau, président JA Loiret, « plus que les GMS, ce sont les intermédiaires qu’il faudrait surveiller ». « On regarde toujours les deux extrémités, c’est-à-dire le producteur et le distributeur, mais il faut aussi avoir à l’œil les intermédiaires, indique-t-il. Par exemple, sur un produit ultra-transformé, on est aujourd’hui incapables de savoir qui ne joue pas le jeu ».
Charles Perdereau a profité de la journée de mobilisation pour rencontrer des directeurs de magasins Carrefour afin de faire un point sur la répartition de la valeur, les étiquetages, et l’origine des produits. Il reconnaît avoir été écouté et compte sur eux pour faire remonter les problématiques évoquées aux centrales d’achat.
Avant tout, Charles Perdereau déplore que les agriculteurs ne soient pas encore suffisamment structurés et solides pour tenir tête à la grande distribution. Là est tout l’intérêt du syndicalisme agricole. La mobilisation du mercredi 20 janvier a montré que les territoires étaient bien présents et les agriculteurs prêts à défendre leur métier pour donner aux jeunes l’envie de s’installer, condition incontournable pour assurer cette fameuse souveraineté alimentaire qui fait tant parler d’elle.