Politique et société

La colère monte encore d’un cran chez les agriculteurs

Comme l’an dernier à la même époque, les agriculteurs sont de nouveau à la manœuvre. Bien que les actions restent pour l’heure modérées, la colère est palpable et les revendications nombreuses.

Dans l'Indre les jeunes agriculteurs ont accroché les panneaux aux grilles de la préfecture. (c) JA36

À l’image de l’automne 2023, de nouvelles actions associées aux panneaux d’entrée et de sortie des villes se sont déroulées dans plusieurs départements français. Recouverts de rubalise, échangés ou carrément enlevés, une nouvelle étape semble avoir été franchie. Si l’an passé, les auteurs étaient restés longtemps anonymes, cette fois, il n’y a plus de mystère. « Ce sont les jeunes agriculteurs qui ont recouvert les panneaux ! Comme l’année dernière, ils manifestent et nous les soutenons », pouvait-on lire sur Facebook d’un journal local. « Le panneau Nogent est bien arrivé à Orgères », plaisantaient les Jeunes Agriculteurs d’Eure-et-Loir sur les réseaux sociaux. Malgré cette apparente légèreté, la colère est réelle. Bien qu’ils ne soient pas encore descendus en ville avec leurs tracteurs, la tension monte fortement.

« Plusieurs départements de la région se mobilisent cette semaine pour dénoncer la crise agricole. Il faut maintenant nous écouter ! », ont déclaré les jeunes agriculteurs d’Occitanie, dans un communiqué du 17 octobre.
« En plus de changer les panneaux d’entrée des villes, nous avons aussi modifié ceux de la signalisation. Les panneaux d’agglomération informent le grand public de nos revendications, tandis que ceux de direction sont destinés aux autorités locales (DDT) », explique Sylvain Marcuard, président des Jeunes Agriculteurs d’Eure-et-Loir.
Plus au sud, les jeunes agriculteurs de Dordogne ont employé la même méthode. « Comme dans d’autres départements, nous avons échangé les panneaux, mobilisant plus de 100 JA pour changer près de 300 panneaux », explique Guillaume Testut, président des Jeunes Agriculteurs de Dordogne, contrairement à l’an dernier, la colère des agriculteurs est beaucoup plus forte. »
En Eure-et-Loir, les JA font le même constat : « Les jeunes agriculteurs sont prêts à repartir, à descendre dans la rue et à bloquer l’autoroute. Des décisions doivent être prises rapidement, car nous ne les tiendront pas longtemps ! »
D’autres actions ont eu lieu la semaine dernière, telles que le bâchage de permanences de députés ou des rassemblements devant des préfectures.

« Nous demandons à l’État d’assumer ses responsabilités ! » - Guillaume Testut, président de JA Dordogne

Les jeunes agriculteurs Occitans ont protester, eux aussi, devant la préfecture.

Côté revendications, rien de neuf. « C’est toujours la même histoire ! Nous réclamons l’application des mesures annoncées au printemps dernier par l’ancien gouvernement », déplore Fabien Bourgueil, président des jeunes agriculteurs du Loir-et-Cher. « Dans notre département, nous essayons de faire avancer la loi Egalim, mais rien ne bouge. Malgré nos efforts et un gros travail avec la préfecture, seul un contrat a été signé ! Nous demandons à l’État d’assumer ses responsabilités et de sanctionner ceux qui ne respectent pas la loi », ajoute Guillaume Testut.
Même si chaque région a ses propres revendications, le message est unanime : les agriculteurs veulent des actes. La reprise des discussions sur la loi d’orientation agricole est attendue avec impatience. « Nous avons énormément travaillé sur cette loi au sein des Jeunes Agriculteurs. Elle est cruciale pour assurer la pérennité des agriculteurs et de l'agriculture en France », commente Fabien Bourgueil.

Malgré les travaux dans les champs et une météo défavorable ces derniers jours, qui limitent des actions d'envergure, tous avertissent que la mobilisation risque de s'intensifier dans les semaines à venir.
« Certains agriculteurs sont vraiment à bout. Si, en tant que JA, nous ne réagissons pas, ils risquent de se tourner vers un syndicat beaucoup plus virulent. N'oublions pas que nous sommes en pleine période d'élections des chambres d'agriculture ! », analyse un représentant de l’échelon régional du syndicat JA, contacté par le JA Mag.