Congrès JA : de la colère à l’engagement
Comme à chaque édition, une table ronde était proposée aux congressistes. Au vu des mobilisations de ces derniers mois et de la forte implication du réseau Jeunes Agriculteurs, la thématique était toute trouvée.
Le thème de la table ronde fait écho aux manifestions de ces derniers mois avec pour postulat de départ : « De la colère à l’engagement, quelle place pour les jeunes demain ? » Pour y répondre, Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture, François Purseigle, sociologue spécialisé dans les questions agricoles, Jonathan Ahovi, psychiatre et Jean-Baptiste Gibert, secrétaire général JA Occitanie, se sont retrouvés sur la scène du palais des congrès du Futuroscope.
Ce moment d’échange a permis de revenir sur les récentes mobilisations et d’en comprendre les rouages. « Nous avons été très surpris de voir des non adhérents aux profils variés nous rejoindre. Nous en avons d’ailleurs récupéré un certain nombre par la suite », commente Jean-Baptiste Gibert, secrétaire général de JA Occitanie. Pour François Purseigle, cette forte implication des agriculteurs s’explique assez simplement : « Ce que nous avons vu à travers ces mouvements et notamment sur un certain nombre de barrages c’est un désir de faire ensemble. Alors que les agriculteurs sont de plus en plus isolés dans les territoires ruraux, il y a eu l’envie de se reparler. En marge des revendications, la manifestation constitue un espace où les gens se retrouvent. »
Un contexte aux racines profondes
Tous autour de la table étaient d’accord sur un point : ces mobilisations reposent sur un socle solide qui ne date pas d’hier. « Nous étions face à une crise sourde qui était présente et perceptible. Les agriculteurs ont voulu affirmer ce qu’ils sont, c’est-à-dire des entrepreneurs aux projets variés », a éclairé le sociologue François Purseigle. Le ministre de l’Agriculture lui-même l’a concédé : « J’ai perçu cette colère comme latente depuis longtemps. »
Des revendications plurielles et très diverses
Si cette grogne est partagée par l’ensemble des filières, les sujets étaient, pour certains, bien spécifiques. « Durant ces mobilisations, les revendications ont été multiples : colère contre l’État, les règles, le manque de rémunération, l’Europe … Tous ces sujets ont fait la complexité de ce mouvement », a analysé Marc Fesneau.
« En plus de tous ces sujets, je pense qu’il y avait un véritable sentiment d’injustice de la part des jeunes agriculteurs. C’est ce qui a poussé de nombreuses personnes à se regrouper pour se battre. Ce qui m’a le plus marqué au plus fort des mobilisations, c’est le désarroi de certains agriculteurs. Pour moi c’est aussi ce sentiment qui a fait l’ampleur de ces mobilisations », s’est remémoré le secrétaire général de JA Occitanie.