Congrès de la coopération agricole : l’engagement et la représentativité des jeunes et des femmes en question
Une table ronde intitulée coopération et engagement était au programme du congrès de la coopération agricole, déroulé les 18 et 19 décembre à Paris.
Lors de ce temps d’échange, Adélaïde Zulfikarpasic, directrice générale de BVA France Xsight, société d’études et de conseil, explique que la notion d’engagement revêt chez les Français une définition d’abord personnelle. « C’est le fait, par exemple, de tenir sa promesse. L’engagement pour une majorité d’entre eux est individuel. » Deux grandes tendances sont observées. « On assiste à des transformations assez profondes de l’engagement caractérisées par un double mouvement : une individuation des choix et une contraction dans la durée ».
La signature de pétition et le boycott de marque sont les formes d’engagement les plus privilégiées. « Les actions collectives d’adhésion à un parti politique ou à un syndicat sont-elles en revanche en perte de vitesse », développe la représentante de BVA France Xsight.
Des jeunes pas moins engagés
« J’entends beaucoup de clichés sur les jeunes, qu’ils ne seraient pas ou qu’ils seraient moins engagés. Je pense que leur engagement est différent aujourd’hui », réagit Jérôme Saddier, président du Crédit Coopératif et de Coop Fr, questionnant au passage la définition de ce qu’est un jeune. « Un jeune sur deux se considère comme engagé, indique Adélaïde Zulfikarpasic, parfois ils le sont sans même le savoir. La diversité, le bien-être animal sont des sujets qui les touchent en particulier ».
« On est collectivement enfermés dans des représentations de la jeunesse, observe Raphaël Llorca, essayiste et co-directeur de l’observatoire des marques Fondation Jean Jaurès. La façon dont spontanément est représenté un jeune ne concerne, selon lui, que ceux qui sont diplômés bac+5 soit une portion minoritaire des jeunes.
« Et si une des façons de se différencier était d’attirer ces jeunes « autres », cette jeunesse qu’on ne voit pas ? », poursuit Raphaël Llorca en faisant que la coopérative devienne un lieu qui transforme des « non-engagés » en « engagés ».
« Lorsque l’on questionne les jeunes sur la structure idéale dans laquelle ils aimeraient travailler, ce ne sont pas les grandes boîtes. Ils nous parlent d’entreprises françaises ancrées dans les territoires. Il y a un vrai levier à exploiter pour les coopératives », affirme Adelaïde Zulfikarpasic.
« Laisser les postes vacants tant qu’on n’aura pas trouvé de femme »
Interrogé sur l’enjeu d’avoir plus de femmes dans les instances de gouvernance des coopératives (cf podcast), Dominique Chargé, président de la Coopération agricole, avance une piste pour le moins radicale. « La représentation des femmes est un sujet sur lequel on travaille beaucoup. Il faut que nous arrivions à adapter le fonctionnement de nos coopératives pour répondre aux particularités de leur rythme de vie. À un moment, nous ne pourrons plus dire « nous avons mis un homme, car nous n’avons pas trouvé de femmes ». On devra laisser les postes vacants tant qu’on n’aura pas trouvé de femme. »
L’engagement, la représentativité des jeunes et des femmes, et la transition agroécologique ont été les principaux sujets débattus. De quoi alimenter les idées pour le syndicat Jeunes Agriculteurs dont le rapport d’orientation 2025 porte justement sur la coopération et le mutualisme agricole.