Intrusions dans les élevages : l’État se mobilise
Le ministère de l’Intérieur vient de signer une convention avec les syndicats agricoles majoritaires pour lancer Demeter. Cette cellule de renseignement a pour objectif de prévenir et lutter contre les atteintes aux biens et aux personnes dans le monde agricole, en particulier les intrusions des antispécistes.
JA et FNSEA ont obtenu du Gouvernement, en octobre dernier, la création d’une cellule de renseignement (Demeter) pour prévenir les actions hostiles à l’encontre des agriculteurs, en particulier les intrusions d’antispécistes. L’annonce officielle s’est déroulée le 13 décembre dernier dans un élevage de porcs du Finistère.
Le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner, le président des JA Samuel Vandaele et la présidente de la FNSEA Christiane Lambert s’y étaient donnés rendez-vous pour signer une convention. Cette convention doit faciliter la communication et la généralisation des dispositifs de prévention technique de la malveillance (diagnostics de sûreté des exploitations). Placée sous le contrôle de la direction générale de la gendarmerie nationale, la cellule Demeter a pour objectif « de mieux connaître les groupes extrémistes à l’origine des atteintes et de pouvoir anticiper et prévenir leurs actions, de pouvoir gagner en efficacité par des actions et des enquêtes mieux coordonnées », a indiqué le ministre de l’Intérieur. Ses services ont donné différents chiffres des atteintes aux biens et aux personnes dans le monde agricole.
Des attaques en hausse
Selon le ministère de l’Intérieur, entre le 1er janvier et fin novembre 2019, les 440 000 exploitations agricoles françaises ont subi 14 500 atteintes aux biens, en hausse de 1,5 %, essentiellement des vols simples. Cependant, le ministère relève « une recrudescence des destructions et dégradations (+23,3 % pour un total de 1 675 faits) ». Ce sont principalement des atteintes aux biens et aux personnes, plus rarement des intrusions de militants d’antispécistes dans le but de filmer des pratiques et de dénigrer l’élevage sur Internet. Mais c’est bien cette crainte qui empoisonne de plus en plus la vie des éleveurs. Ils finissent par se méfier de tout le monde, des visiteurs et même de leurs salariés. En Bretagne, les représentants professionnels du monde de l’élevage ont applaudi à la création de Demeter. Car ils disposent désormais d’un cadre afin de signaler tous types d'exaction. L’Union des groupements de producteurs de viande de Bretagne a d’ailleurs prévu d’organiser en ce début d’année plusieurs réunions de sensibilisation, en lien avec la FRSEA et les JA de Bretagne. Des représentants de la gendarmerie nationale devraient y participer. L’objectif ? Inciter les professionnels à mieux sécuriser leur élevage face aux risques d'intrusion et les informer des dispositifs techniques existants. Sans oublier l’impérieuse nécessité de porter plainte lorsque les signes d’une intrusion sont avérés.