SIA 2022 : le président Macron insiste sur la priorité de renouveler les générations
Arrivé aux alentours de 7 h du matin et reparti près d’une heure après, la visite du président Macron, ce samedi 26 février, fut express, guerre en Ukraine oblige. Court et efficace, son discours tenu devant les représentants de la profession agricole, tous regroupés dans le grand ring du Hall 1, n’a pas tourné autour du pot.
« La guerre revient en Europe. Le contexte est inédit, grave et historique. Je ne tiendrais pas l’agenda initialement prévu », c’est par ces mots que le président de la République a démarré son discours, entouré par l’ensemble des représentants du monde agricole dans le grand ring du Hall 1. Une image forte en symbole, qui témoigne du soutien qu’a souhaité lui apporter ce dernier en ces temps difficiles et incertains.
Le Salon de l’agriculture 2022, celui des retrouvailles tant attendues se voulait en effet être un marqueur festif, annonciateur de la fin prochaine de la pandémie. Mais avec l’invasion russe en Ukraine orchestrée le jeudi de cette même semaine, les visages lors de l’inauguration du Salon étaient graves et l’ambiance solennelle.
Trois messages adressés au monde agricole
« Le premier message que je souhaite vous adresser est un message de remerciement. […] Vous avez tenu pendant deux ans pour nourrir la nation », a souligné Emmanuel Macron. Le président a rappelé le travail sans relâche opéré par les agriculteurs pendant ces deux années de crise sanitaire. Il a ensuite insisté sur l’objectif de souveraineté alimentaire que s’est fixé le gouvernement depuis le début du quinquennat. « Nous sommes en train de la bâtir », a-t-il déclaré soulignant la résilience du secteur agricole face aux nombreux changements brutaux vécus récemment (Covid, Brexit, aléas climatiques, en particulier celui du gel dévastateur survenu au printemps dernier). La souveraineté alimentaire passera aussi selon lui par « la juste rémunération du travail ». Les consommateurs et la société d’une manière générale se sont trop habitués, d’après lui, à avoir des aliments pas chers. La loi Egalim 2 ne « fera pas tout », a-t-il affirmé dans la foulée, indiquant qu’« il faut que les comportements changent ». « Les contrôles ont été multipliés par quatre et des amendes massives ont été infligées » a-t-il précisé s’agissant des négociations commerciales en cours. Plan protéines, dispositif TODE pour renforcer la compétitivité, transitions face au changement climatique, assurance récolte, enjeux sur le sujet de l’eau, Emmanuel Macron a listé dans son allocution les nombreux défis en cours pour atteindre la souveraineté alimentaire.
À l’instar de son ministre de l’Agriculture, le président a déclaré que le temps était venu de la 3e révolution agricole placée sous le triptyque numérique, robotique, génétique. Une révolution, affichant pas moins de « 3 milliards d’euros d’investissements », qui doit se substituer à celle de la révolution chimique enclenchée au sortir de la Seconde Guerre mondiale.
« Le juge de paix de tous ces chantiers, ce sera l’installation des jeunes. »
« Le juge de paix de tous ces chantiers, ce sera l’installation des jeunes […] Si on veut atteindre cette souveraineté alimentaire, nous devons répondre à un changement de génération », a affirmé le président de la République en guise de conclusion, indiquant la stabilité du nombre des installations depuis dix ans « de 11 à 12 000 installations par an ». Mais le hic, c’est qu’« il y a plus de départs que d’entrée ». Emmanuel Macron se fixe l’objectif d’atteindre les 20 000 installations par an. « Comment convaincre un jeune de s’installer ? », interroge-t-il ainsi. La réponse, selon lui, doit passer par « un changement de culture. Notre agriculture, on doit en être fier ». Il a annoncé qu’un grand texte d’orientation et d’avenir agricole devra être produit dans cet objectif, dans lequel devront figurer plusieurs thématiques (foncier, installation, transmission, formation, modernisation et numérique. « Un système de portage du foncier est à inventer pour accompagner l’installation de nos jeunes. Nous devons aussi être au rendez-vous de la formation, le renouvellement des générations est un défi qui nous concerne tous » a-t-il martelé.
Guerre en Ukraine : un impact certain sur le monde agricole
Le troisième message qu’a souhaité transmettre le président Macron au Sia a concerné la guerre en Ukraine. « Ce que nous sommes en train de vivre, ne sera pas sans conséquence sur le monde agricole », a affiché limpide le président. Tant sur « nos exportations et leurs débouchés (céréales, vins), que sur le coût de l’énergie, ceux de l’alimentation du bétail et de ses approvisionnements ». Un « plan de résilience » pour sécuriser les intrants et un « bouclier en termes de coûts aux niveaux national et européen » devront être créés, a annoncé le président, en vue de répondre aux conséquences de ce conflit dans la durée. Car, selon lui, cette guerre « durera, il faut nous y préparer ». Il a terminé son discours en disant regretter de ne pas pouvoir rester plus longtemps, « j’y serai de cœur, car je suis attaché à ce que vous portez et représentez ».
Interrogé à l’issue du discours du représentant de l’État, Samuel Vandaele, président de Jeunes Agriculteurs s’est montré plutôt satisfait. « C’était important qu’il soit là, pour le monde agricole, pour le symbole. Nous avons pu échanger avec lui. Cette loi d’orientation agricole annoncée fait suite à notre rendez-vous qu’on a pu avoir avec lui cette semaine. L’objectif est d’y intégrer le foncier, l’installation, la transmission, la formation, la modernisation et le numérique. Ça va dans le bon sens ».
En lieu et place du président de la République, c'est le Premier ministre Jean Castex, accompagné de Julien Denormandie, ministre de l'Agriculture, qui passera la journée au Salon.