Relever le défi des plantes riches en protéines
La France réussira-t-elle un jour à produire la majeure partie des protéines végétales dont elle a besoin ? C’est en tout cas l’objectif du ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, Julien de Normandie, en lançant sa stratégie nationale en faveur du développement des protéines végétales. Plusieurs cultures peuvent aider à relever cet ambitieux challenge.
Même si la France est mieux placée que ses voisins européens, elle ne produit que la moitié des matières riches en protéines nécessaires à l’alimentation de ses animaux. L’autre moitié est importée, essentiellement sous forme de soja en provenance d’Amérique du Sud.
Doubler les surfaces d’oléo-protéagineux
L’objectif du plan présenté par le ministre, les représentants de la filière huiles et protéines végétales et ceux des filières d’élevage, est de voir la production de plantes riches en protéines augmenter de 40 % en trois ans sur notre territoire, et doubler à l’horizon 2030. Les surfaces consacrées aux oléo-protéagineux doivent pour cela passer de 1 million ha aujourd’hui, à 1,4 Mha en 2022, et à 2 Mha en 2030. Pour y parvenir, le gouvernement prévoit de mobiliser un budget de 100 M€.
Priorité aux légumineuses
Les légumineuses, des cultures riches en protéines, sont à privilégier dans l’assolement. « Elles ont la particularité de combiner des taux élevés de protéines et des avantages agronomiques et environnementaux, car elles fixent l’azote de l’air et sont en général peu gourmandes en intrants », précise le ministre.
On différencie les légumineuses à graines comme le soja, les pois, les féveroles, le lupin, les lentilles, le pois chiche ou les haricots, et les légumineuses fourragères telles que la luzerne, le trèfle, le lotier ou le sainfoin. Les premières sont récoltées à la moissonneuse-batteuse. Les secondes sont valorisées en plantes entières, seules ou associées à des graminées, pâturées, ou récoltées sous forme de foin, d’ensilage, ou déshydratées. Hormis quelques créneaux bien valorisés, ces cultures avaient jusqu’à présent du mal à se développer. Le pois et la féverole sont les espèces qui ont connu les plus forts emblavements. Mais, faute de rendements élevés et réguliers, elles n’étaient pas suffisamment rémunératrices pour les agriculteurs, et leurs surfaces ont chuté. Le budget proposé par le ministre est surtout dédié à l’organisation des filières, ce qui permettra peut-être de lever le verrou d’une rémunération correcte. Une partie sera aussi consacrée à la recherche génétique, avec l’espoir de conforter leurs potentiels de productivité.
Le co-produit des oléagineux : autre source de protéines végétales
La troisième source de protéines d’origine végétale, est constituée par les tourteaux d’oléagineux : colza, tournesol et soja. Il s’agit d’ailleurs aujourd’hui de la principale filière pourvoyeuse de matières riches en protéines pour la fabrication d’aliments du bétail préparés hors élevage.
L’huile de colza produite en France sert pour un tiers à l’alimentation humaine, et pour deux tiers à la production de biocarburants. Son co-produit, le tourteau de colza, est l’un des principaux atouts de la France pour réduire sa dépendance vis-à-vis de l’étranger en matière de protéines. Si le colza a vu ses surfaces baisser à 950 000 ha au cours des deux dernières campagnes, pour des raisons à la fois climatiques et de gestion des insectes, le tournesol enregistre depuis deux ans un regain d’intérêt. Ses surfaces ont même fait un bond de 30 % en 2020 pour atteindre 770 000 ha. Ces dernières années, des filières de production de soja ont vu le jour en France, avec des surfaces qui s’accroissent régulièrement pour atteindre 186 000 ha en 2020, même si c’est une culture qui nécessite un peu plus d’eau que le tournesol.