Plan protéines : plus de souveraineté, moins d’importations
Le ministre de l’Agriculture a présenté un ambitieux Plan protéines, qui bénéficiera d’une enveloppe de plus de 100 millions d’euros. Il vise à réduire la dépendance de la France aux importations, en doublant la surface agricole dédiée aux légumineuses, en finançant des semences et du matériel agricole et en encourageant la recherche.
Julien Denormandie a présenté son plan protéines ce mardi 1er décembre. Élaboré en concertation avec plus de 350 acteurs (producteurs, interprofessions, chercheurs, associations), il pose les jalons d’une dynamique visant à assurer la souveraineté alimentaire de la France. Le ministre a rappelé que la crise sanitaire actuelle a permis de mettre en lumière la résilience des systèmes de production français, mais a également révélé des vulnérabilités.
« En excluant les prairies, la France est autonome uniquement à hauteur de 50 % de protéines », a précisé le ministre, critiquant un système de dépendance à l’importation de protéines majoritairement sud-américaines. Outre un objectif de souveraineté, cela pose aussi un problème environnemental, la production de ces protéines entraînant une déforestation dite importée, contre laquelle le gouvernement affirme vouloir lutter. Enfin, la production nationale de protéines soulève un enjeu de compétitivité et de création de valeur, alors que la sécheresse des dernières années a obligé de nombreux éleveurs à engager des coûts supplémentaires, pour l’achat de fourrage.
100 millions d’euros
Le plan protéines est financé à hauteur de 100 millions d’euros au titre du plan de relance, qui consacre 1,2 milliards d’euros à l’agriculture. Déjà adopté par l’Assemblée nationale, il doit encore être voté au Sénat, où Julien Denormandie est attendu. Ces 100 millions d'euros seront également complétés par le plan d’investissement d’avenir et BPI France, pour des actions de recherche, de développement et des appels à projets.
Le premier axe du plan vise à augmenter la surface cultivée de légumineuses (soja, pois, légumes secs, luzerne, etc.) de 40 % sur trois ans, et de la doubler en 10 ans, la portant alors à deux millions d’ha, soit 8 % de la SAU. Les producteurs de protéines dont les prix fluctuent au niveau mondial pourront par ailleurs bénéficier des aides couplées de la Pac. Pour améliorer l’autonomie des élevages, 20 millions d’euros seront utilisés, dont 10 millions pour l’achat de semences améliorant le potentiel protéiques des prairies, et 10 millions pour les investissements dans le matériel de production, stockage et distribution des aliments.
La R&D au cœur du plan protéines
La recherche et le développement occupent une part importante du plan protéines. 30 millions d’euros y seront consacrés, dont 20 millions pour les semences. De nouvelles formes de protéines seront également étudiées, comme la possibilité de recourir aux insectes pour l’alimentation des piscicultures. Ce volet R&D aura également pour objectif de promouvoir la consommation de protéines végétales pour l’alimentation humaine. Le Programme national nutrition santé recommande une portion de légumes secs par semaine, notamment pour les enfants.
Julien Denormandie en a profité pour faire le lien avec d’autres actions menées à destination de l’alimentation humaine, comme l’investissement de 50 millions d’euros pour inciter les cantines à acheter des produits frais et locaux, et la charte d’engagement signée il y a quelques semaines entre les acteurs de la distribution et le gouvernement. Une charte d’engagement similaire a été créée pour encadrer la mise en œuvre du plan protéines.
Retrouvez dans le JA Mag n°771 de novembre-décembre 2020 un reportage dédié à la production de soja en France.