Gel : la triple réponse du gouvernement
Répondre à l’urgence, accompagner les filières les plus affectées et renforcer le système pour le rendre plus résilient… Trois mesures mises en place par le gouvernement pour répondre à l’épisode de gel d’avril, avec un double objectif : agir dans l’urgence, mais aussi sur le long terme pour éviter qu’une telle catastrophe se reproduise.
Presque trois mois après la vague de gel qui a sévi dans toute la France – rappelons que 81 départements métropolitains sur 96 ont été reconnus en « exceptionnalité climatique » – les estimations de pertes se précisent. Plus de la moitié des récoltes de fruits à noyau (abricots, prunes, pêches et cerises) ont été perdues – la cerise étant le principal fruit touché, avec une récolte 2021 en baisse de 62 % par rapport à celle de 2020. En viticulture, les pertes avoisineraient les 30 à 40 %, et atteindraient même 100 % pour certaines exploitations. Quant aux grandes cultures, elles n’ont pas non plus été épargnées, la betterave en tête. Ces chiffres exceptionnels ne peuvent que corroborer les propos du ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, qui a qualifié cet épisode de gel de « pire catastrophe agronomique de ce début de XXIe siècle ».
Répondre à l’urgence
Avant de réfléchir à plus long terme, il a d’abord fallu répondre à l’urgence. Un fonds d’urgence de 20 millions d’euros a ainsi été partagé entre les départements les plus touchés, dès le 3 mai. Au total, ces paiements permettront d’accompagner plus de 4800 exploitants, a estimé le gouvernement. Des avances sur les indemnisations de pertes dans le cadre des calamités agricoles ont aussi été effectives dès le mois de juin pour les producteurs de fruits à noyau ayant connu des pertes supérieures à 70 % de leur récolte annuelle moyenne. Doté de 30 millions d’euros, ce système d’avance pourra atteindre jusqu’à 20 000 euros par exploitation.
Enfin, les entreprises touchées par le gel peuvent bénéficier des dispositifs développés dans le cadre de la crise sanitaire de la Covid-19, à savoir les prêts garantis par l’État et le régime de l’activité partielle. Un dégrèvement de la taxe foncière sur le non bâti ainsi que la prise en charge des cotisations sociales pour les exploitants les plus touchés complètent ces mesures d’urgence.
Accompagner les filières les plus affectées
Le 17 avril, le Premier ministre annonçait la mobilisation du régime des calamités agricoles, pour un coût total de 500 millions d’euros. Jusqu’à 40 % des pertes pourront être indemnisées, contre 35 % habituellement. Exceptionnellement, le régime est étendu à l’ensemble des cultures végétales affectées, viticulture compris. En effet, leurs pertes de récolte étant assurables, les viticulteurs n’entrent généralement pas dans le cadre du régime des calamités agricoles. Mais à situation inédite, mesures inédites.
Mis à part les fruits à noyau qui bénéficient d’une avance, les indemnisations entrant dans le cadre du régime des calamités agricoles suivront les calendriers de récoltes.
Renforcer le système
Non, le réchauffement climatique n’est pas une chimère. Les épisodes climatiques extrêmes que nous subissons régulièrement ont de quoi finir de convaincre les plus sceptiques.
Pour minimiser les répercussions de ces aléas climatiques devenus inéluctables, le gouvernement a deux leviers : accélérer le déploiement des matériels de protection face aux aléas climatiques en doublant l’enveloppe de 100 millions d’euros allouée dans le cadre du plan France Relance pour atteindre les 200 millions d’euros – et revoir intégralement le système assurantiel pour une mise en œuvre à partir de 2023. Ce dernier point est particulièrement important, car actuellement, le système de l’assurance récolte n’attire que peu d’agriculteurs. Pour preuve, près de 70 % du vignoble n’est pas assuré ! « JA attend beaucoup de la refonte du système de gestion des risques, indique Arthur Galinat, membre du bureau chez JA national. Il faut que le système assurantiel rentre un peu plus dans les exploitations. »
Dans un entretien accordé au journal La Croix en avril 2021, Julien Denormandie estime que l’assurance récolte doit être financée par la solidarité nationale.
La réforme structurelle du système assurantiel est au cœur des discussions du Varenne agricole de l’eau et de l’adaptation au changement climatique, qui devrait soumettre mi-juillet ses premières propositions.