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Gel : des récoltes fruitières historiquement basses

Les estimations de récolte réalisées au mois d’avril se confirment chaque jour un peu plus. Entre un quart et 50 % de la production arboricole serait perdue.

Cerises

Après la vague de gel exceptionnelle qu’ont connu les cultures fruitières et maraichères en avril dernier, il fallait s’y attendre : les chiffres de récoltes arboricoles 2021 sont historiquement bas. Derniers en date, ceux de la production d’abricots, qui devrait être amputée de moitié, par rapport à la moyenne 2016-2020 et de 35 % par rapport à l’année dernière, selon les estimations au 1er août d'Agreste, le service statistique du ministère de l'Agriculture. Avec 56 000 tonnes attendues, il s'agirait de la pire récolte depuis 42 ans.

Côté cerises et poires, on s’attend à la plus mauvaise cueillette depuis 46 ans, avec tout simplement une demi-récolte attendue pour chacune des deux cultures, évaluée à 7 000 tonnes pour les poires et 16 000 pour les cerises. « Il s’agirait […] du rendement le plus faible, à l’exception de l’année 1977 pendant laquelle le rendement avait été similaire », notent les statisticiens d’Agreste à propos des cerises. Concernant les poires, en cette même année 1977, « le rendement avait été encore plus bas », ajoutent-ils.

Des records de 40 ans battus

Un record de 46 ans pourrait être également établi pour les pêches, avec une production réévaluée début août à 137 000 tonnes, en recul d’un quart par rapport à 2020, et d’un tiers par rapport à la moyenne des récoltes de 2016 à 2020. Dans les pommeraies, les statisticiens du ministère de l’Agriculture ont aussi revu à la baisse leurs estimations. La production de pommes pourrait s’établir cette année à 1,17 million de tonnes, ce qui acterait une baisse de 11 % par rapport à la récolte 2020.

D’une manière générale, Agreste remarque qu’« avec le retard végétatif et le climat frais, des incertitudes pèsent également sur le calibre des fruits à récolter ».

La vigne, elle aussi, pâtit

La production française de vin devrait être en baisse de 24 % à 30 % en 2021 et se situer à un niveau « historiquement bas », a annoncé vendredi 6 août le ministère de l'Agriculture. Selon Agreste, elle se situerait entre 32,6 millions et 35,6 millions d'hectolitres et serait donc « inférieure à celles de 1991 et 2017 concernées, elles aussi, par un gel sévère au printemps », note le ministère. 

En cause, le gel, évidemment, mais aussi les maladies de la vigne comme l'oïdium et le mildiou, particulièrement étendues cet été à cause de la météo pluvieuse du mois de juillet. Un arrêté, paru le 8 août au Journal officiel, autorise temporairement les viticulteurs à dépasser la quantité maximum autorisée de traitements à base de cuivre pour lutter contre le mildiou.

Arthur Galinat

Arthur Galinat, référent JA Nat fruits et légumes :

« C’est quasiment la totalité des productions qui ont été impactées, de 70 à 80 %. C'est dramatique pour les exploitations, notamment les jeunes qui connaissent dans certains départements depuis deux- trois ans des événements climatiques assez violents. Comment ces jeunes vont-ils réussir à sortir la tête de l’eau sachant que les organismes bancaires ou assurantiels pourraient leur fermer les portes ? Il y a eu une écoute de la part du gouvernement, avec la mise en place de groupes de travail, mais le système d’indemnisation doit être simplifié, c’est trop lourd à gérer pour l’agriculteur. Avec la multiplication des événements climatiques, on tout cela doit être repensé en intégrant par exemple plus de diversification pour diminuer le risque ou se réappropriant le principe de saisonnalité à son territoire. »