Comment séquestrer du carbone dans ses sols ?
L’agriculture a un rôle très positif à jouer dans la lutte contre le réchauffement climatique. Une étude de l’Inra nous en dit un peu plus sur le potentiel des sols à stocker du carbone et donc à réduire les émissions de gaz carbonique. Décryptage.
D’après les chercheurs de l’Inra, les quantités les plus élevées de carbone dans les sols se retrouvent dans les prairies, avec bien souvent, au-delà de 75 tonnes de C/ha stockés, et même parfois, au-delà de 100 t/ha. Les volumes de carbone séquestrés dans les sols de grandes cultures sont plus faibles, autour de 50 t/ha et même en-dessous dans certaines situations,. Ces volumes ont aussi eu tendance à diminuer au cours des trente dernières années. Aujourd’hui, ce sont les émissions de gaz carbonique qui intéressent nos concitoyens. Dans les analyses de sols, c’est le taux de matière organique qui apparaît. Mais taux de carbone dans le sol et teneur en matière organique sont directement liés et dans de nombreuses situations, les agriculteurs ont observé une baisse des taux de matière organique dans leurs parcelles, par rapport à il y a vingt ou trente ans.
Non labour et semis direct
Pour stopper cet appauvrissement des sols cultivés, l’Inra a identifié plusieurs pratiques à privilégier. Le non labour et le semis direct font partie des choix culturaux qui permettent de stocker du carbone dans les couches superficielles du sol, mais d’après les chercheurs, dans des proportions moins importantes que l’on a cru ces dernières années. Ils chiffrent les volumes séquestrés aux alentours de 150 kg de carbone/ha/an pour le semis direct strict, et de 100 kg C/ha/an pour le semis direct avec labour occasionnel, tous les cinq ans. D'après l'Inra, le non labour présente surtout un avantage sur le stockage du carbone dans les sols secs.
Les effets très bénéfiques des couverts
La mise en place de couverts végétaux entre deux cultures est aussi bénéfique sur la séquestration de carbone dans le sol. Les chercheurs de l’Inra estiment que ces cultures intermédiaires peuvent immobiliser entre 130 et 370 kg de carbone/ha/an dans les sols, avec une moyenne à 240 kg/ha/an. Il en est de même de l’implantation de bandes enherbées de quelques mètres de large, le long des cours d’eau, où les quantités de carbone stocké atteignent en moyenne, 490 kg/ha/an, ou de l’enherbement des inter-rangs en vigne (320 kg C/ha/an) ou dans les vergers (490 kg C/ha/an).
« L’implantation de couverts temporaires ou permanents est assortie d’impacts environnementaux positifs, comme la réduction de la lixiviation des nitrates, une augmentation de l’activité biologique et de la biodiversité, et une réduction du ruissellement et de l’érosion », soulignent les chercheurs.
Pour eux, la restitution des résidus de culture, notamment des pailles, plutôt que leur exportation, a aussi un impact significatif sur le stockage de carbone dans les sols.
Haies et agroforesterie
La mise en place de haies en bordure de champs ou l’agroforesterie avec l’implantation d’arbres à l’intérieur des parcelles, permettent également de stocker du carbone dans la biomasse ligneuse. Leur impact va dépendre de la densité des arbustes ou des arbres implantés. Si le bois des haies est utilisé pour le chauffage et se substitue à des combustibles fossiles, il contribue aussi à réduire les émissions de CO2.