Le changement climatique fait muter le métier d’agriculteur
L’enjeu de la formation des chefs d’exploitation et des salariés agricoles a été au cœur des échanges tenus lors d’une conférence relative à l’impact du changement climatique sur les métiers et les compétences en agriculture organisée au Sia, vendredi 1er mars.
Pour lutter au mieux contre les effets du changement climatique, la formation des agriculteurs s’avère un enjeu prioritaire. « Dans le secteur agricole, la formation n’est pas assez développée. Elle concerne chaque année un salarié sur dix et deux chefs d’exploitation sur dix. Tandis qu’elle est en moyenne de quatre sur dix dans les autres secteurs », souligne Alice Monfront, chargée d’études au cabinet Quadrat-Études. Les raisons sont simples : les structures agricoles reposent le plus souvent sur quelques actifs et ont donc du mal à se dégager du temps. Pourtant, dans un contexte où l’impact du changement climatique s’accentue, leur formation apparaît inévitable.
« Nous travaillons sur la thématique du changement climatique depuis 2014 », rappelle Béatrice Dingli, directrice générale de Vivea, le fonds de formation pour les chefs d’exploitation, indiquant qu’entre 2021 et 2023, le nombre de formations sur la thématique du changement climatique est passé de 196 à 369. Mais pour répondre aux besoins, encore faut-il avoir des formateurs experts du sujet. « Il en manque clairement. Il faut qu’on arrive à déployer le savoir, que ça ne reste pas entre les mains de quelques sachants », affirme Jérôme Lachaux, directeur accompagnement des branches à Ocapiat, structure qui propose des catalogues de formation pour les salariés.
Pour inciter davantage d’exploitants à se former, Vivea a décidé de faire de la communication directe. « Depuis deux ans, on envoie des communications tous les mois sur une thématique précise en ciblant des filières. Ça commence à avoir un effet positif. On recense près de 35 % de départs en formation à la suite des emails envoyés », indique Béatrice Dingli.
L’ensemble des filières impactées
« Éleveurs, céréaliers, arboriculteurs, maraîchers, viticulteurs, tous les agriculteurs sont touchés par le changement climatique. Il n’est pas nouveau. Mais aujourd’hui, son impact économique et social est tel qu’il remet en question la pérennité des entreprises agricoles », explique Jérôme Volle, président de la CNPE agricole, la commission pour l’emploi. Quelle que soit la filière concernée, le métier d’agriculteur se reconfigure. « Je prends l’exemple de l’été 2022 où l’on a eu plusieurs canicules. En élevage, il a fallu revoir certaines plages horaires, travailler plus tôt ou plus tard. Il faut faire évoluer les outils aussi. Par exemple dans la gestion de l’eau, en passant de l’aspersion à des dispositifs plus économes et précis », ajoute Dominique Boucherel, secrétaire général de la CNPE agricole.