Bastien Cluzel, un éleveur qui mise sur l’autonomie
En s’installant en 2021 dans la ferme familiale à Ségur dans l’Aveyron, Bastien Cluzel a fait le pari de l’autonomie alimentaire et énergétique. En réduisant ainsi ses coûts et son empreinte carbone, on peut dire que Bastien se projette avec ses deux bottes dans l’agriculture de demain !
Autonomie, voilà le mot qui anime Bastien Cluzel depuis qu’il a repris l’exploitation familiale. Âgé aujourd’hui de 27 ans, le jeune homme peut se targuer d'y être arrivé. C’est en 2021 que l’aventure débute. Alors qu’il travaille à mi-temps dans une entreprise en tant que technico-commercial, Bastien décide de reprendre l’élevage de brebis laitière de son père. Mais au lieu de se calquer sur la même méthode de travail, il opère des changements radicaux. « Du laitier je suis passé aux ovins à viande. Et j’ai tout de suite voulu être autonome en matière d’alimentation pour mes animaux et sur le plan énergétique », explique-t-il. Après deux années à alterner entre son poste de commercial et l’exploitation, Bastien bascule à 100 % sur la ferme au début de l’année 2023.
« J’ai souhaité avoir le moins d’intermédiaires possible
L’idée de l’autosuffisance a germé lorsqu’il était employé. « Lorsque je travaillais en tant que commercial, je voyais comment fonctionnaient mes clients agriculteurs. Pour eux, les coûts des intrants et de l’alimentation étaient colossaux. C’est pour cela que dès mon installation, j’ai souhaité avoir le moins d’intermédiaires possible », se remémore le jeune homme. Dans cette quête d’autonomie, il décide d’investir en 2023 dans une presse à huile : « Elle me permet de transformer les oléagineux en tourteaux et en huile
Des économies considérables
Pour alimenter ses 100 brebis et 120 agneaux, le jeune agriculteur dispose de cinq hectares d'oléagineux en bio : colza (2 ha), tournesol (2 ha) et cameline (1 ha). « Avec cette superficie, j’arrive à nourrir largement l’ensemble de mon troupeau. » Grâce à cette production, Bastien réalise de belles économies : « Cette solution m’a permis de passer de 3 000 € de dépenses annuelles en alimentation à zéro. » Soucieux d’en perdre le moins possible, Bastien semble avoir trouver une solution anti-gaspillage efficace : « Je valorise l’ensemble de mes oléagineux, car en plus des tourteaux, l’huile récupérée est embouteillée et proposée à la vente dans les commerces alentour. »
Une viande de meilleure qualité
Outre les avantages financiers, les tourteaux qu’obtient Bastien affichent une qualité supérieure aux tourteaux industriels. « Mon tourteau est plus gras, il fait donc grandir les agneaux plus vites. J’ai 15 % de gain moyen quotidien (GMQ en plus). La viande obtenue est naturellement plus persillée, le gras venant se mettre dans la viande alors qu’avec une alimentation industrielle, il reste autour. Le résultat est totalement différent, et les retours très positifs des consommateurs viennent me le confirmer », souligne Bastien.
En plus du volet alimentaire, il est aussi autonome en énergie. « En 2019, nous avons posé 60 mètres carrés de panneaux solaires sur l’exploitation. » Si cette surface lui permet de répondre à sa propre consommation, le jeune aveyronnais veut aller plus loin : « J’aimerais en vendre, c’est pourquoi je suis actuellement en train de disposer 1 300 mètres carrés de panneaux supplémentaires soit la surface totale de mes toits. » Une fois ce chantier terminé, Bastien envisage de faire évaluer l’empreinte carbone de son exploitation : « Pour nous autres
Bastien a fait un bac pro agroéquipement suivi d’un BTS dans le même secteur, avant de se lancer dans une licence Gestion de la production agricole dans le respect de l’environnement (GPARE). « Cette licence, nouvelle à l’époque, m’a donné des bases solides qui m’ont permis de transformer en profondeur ma stratégie d’installation », explique l’éleveur.
