1970 : l’année où le C.N.J.A aurait pu basculer
« Le C.N.J.A continue ». Tel était le titre de l’article du JA Mag de septembre 1970 à propos du 12e congrès du C.N.J.A tenu à Blois les 5 et 6 juillet de la même année.
« Le C.N.J.A continue ». Une accroche déroutante sous-entendant que le contraire aurait aussi bien pu se produire. Effectivement, ce congrès fut unique en son genre. Déjà, car il avait la volonté, via un rapport d’orientation général portant sur les méthodes d’actions et les objectifs du C.N.J.A, de donner une ligne directrice au syndicat. Mais aussi parce qu’il n’y eut pas un, mais deux rapports proposés. Un contre-rapport d’orientation fut de fait présenté par une frange du C.N.J.A appartenant à « la nouvelle gauche paysanne », dont les C.R.J.A de Rhône-Alpes, de l’Ouest ainsi qu’un certain nombre de C.D.J.A.
Intitulé « Pour un syndicalisme de travailleurs », ce contre-rapport défendu par Antoine Richard tenta de faire barrage au rapport de Louis Lauga, « L’agriculteur et la société industrielle ». Dans ce contre-rapport largement inspiré de l’ouvrage de Bernard Lambert de 1970, Les paysans dans la lutte des classes, l’ennemi numéro un est le capitalisme. L’agriculteur est considéré comme un travailleur au même titre qu’un ouvrier d’usine, et l’alliance avec le monde ouvrier est prônée pour renverser la domination capitaliste qui prolétarise la profession. Mais, avec 54 % des voix, c’est le rapport de Louis Lauga qui est finalement adopté. Les minoritaires s’organisent alors de manière autonome en dehors de la structure nationale, et privilégient les actions à la base (marche sur le Larzac, grève du lait…). En 1972, ce courant prend le nom de « Paysans Travailleurs ».
Crédit photo : Pierre Collombert