Varenne agricole de l’eau : l'agriculture et l'écologie main dans la main
Dans la lignée des Assises de l’eau lancées par Emmanuel Macron au début de son mandat présidentiel, un Varenne agricole de l’eau et du changement climatique a été inauguré vendredi 28 mai en présence du ministre de l’Agriculture Julien Denormandie et de la secrétaire d’État auprès de la ministre de la Transition écologique, Bérangère Abba.
« Les conflits d’usage de l’eau sont vieux comme le monde ! », a rappelé Julien Denormandie en début de séance. Mais le ministre n’était pas là pour refaire l’Histoire, car l’objectif de ce Varenne « n’est pas de faire des constats, mais bien de tracer une route » a-t-il fermement assuré. L’idée étant que les deux ministères parviennent à se mettre d’accord sur une feuille de route commune dès janvier 2022.
Gestion des risques
Concrètement, ce Varenne s’articulera autour de trois grandes thématiques. La première sera dédiée à la gestion des risques, avec un premier axe de travail qui se concentrera sur la refonte du dispositif d’assurance-récolte. Sur le papier, celle-ci devrait être pleinement effective pour 2023, mais le ministre a souhaité que des décisions soient prises rapidement pour bénéficier du prochain projet de loi de finances.
Sur la thématique gestion des risques, Julien Denormandie a également annoncé une évolution de la gouvernance du dispositif des calamités agricoles dès cette année. « Ce dispositif qui date de 1964 est dans une impasse face à l’intensité et à la récurrence des événements climatiques » a décrit Hervé Lejeune, inspecteur général de l’agriculture, rappelant non sans un pincement au cœur « qu’on a aujourd’hui des jeunes installés qui n’ont pour l’instant connu que des accidents climatiques ».
Enfin, l’heure étant à l’urgence, le ministre de l’Agriculture a fait part de la mise en place d’un protocole de gestion de crise des sécheresses applicable dès cet été.
Faire appel au monde de l’innovation et multiplier les leviers
La deuxième thématique de ce Varenne sera consacrée à la résilience de l’agriculture, l’objectif étant d’aboutir à des stratégies d’adaptation au changement climatique, à l’échelle régionale, mais aussi des différentes filières. Après une phase de diagnostics, des plans d’adaptation régionaux seront lancés en 2022. Par ailleurs, Julien Denormandie a clairement affiché sa volonté de « faire appel au monde de l’innovation pour trouver de nouvelles solutions ». À ce titre, 20 millions d’euros supplémentaires seront alloués à l’innovation sous forme d’appel à projets dans le cadre du plan de relance.
Plus qu’une adaptation incrémentale (décalage des dates de semis, sélection variétale…), c’est vers une adaptation systémique (agroécologie, remplacement d’espèces…) voire transformante (nouvelles domestications, abandon ou délocalisation de certaines productions…) que l’agriculture doit tendre, a indiqué Thierry Caquet, directeur scientifique environnement à l’Inrae. « L’agriculture de 2050 ne sera pas la même que celle de 2021 et c’est la combinaison des leviers qui permettra son adaptation », a-t-il certifié.
Mobilisation sécurisée des ressources en eau à long terme
Enfin la troisième thématique est celle de la mobilisation sécurisée des ressources en eau. Cela passera notamment par l’accélération des projets de territoire pour la gestion de l’eau (PTGE). À l’issue des Assises de l’eau en 2019, le gouvernement s’était fixé l’objectif de faire aboutir au moins 50 PTGE d’ici 2022 et 100 d’ici 2027. « Aujourd’hui, 43 sont finalisés et 30 en cours de finalisation » a indiqué Bérangère Abba. Selon la secrétaire d’État à la Biodiversité « ce Varenne devra également encourager l’utilisation des eaux non conventionnelles et des eaux de pluie ».
Ce Varenne était aussi l’occasion de faire un point sur le très attendu décret relatif à la gestion quantitative de la ressource en eau et à la gestion des situations de crise liées à la sécheresse. Celui-ci sera présenté en Conseil des ministres le 16 juin, a-t-on appris de la bouche de Julien Denormandie. Ce décret vise notamment à sécuriser les volumes prélevables par les irrigants en définissant plus rigoureusement les volumes pouvant être prélevés en période de basses eaux.