Un marais qui vaut le détour
En participant au concours des pratiques agro-écologiques du marais de Vilaine, Mathieu et Flora Bertau ont enrichi la connaissance qu’ils avaient de leur prairie. S’ils n’ont pas remporté la première place, l’essentiel pour eux est d’avoir pu échanger sur leurs pratiques avec les experts du jury.
En 2019, Mathieu et Flora Bertau, exploitants à Severac en Loire-Atlantique, ont participé au concours des pratiques agro-écologiques – prairies et parcours. Anciennement dénommé concours des prairies fleuries, il a pour but de récompenser l’équilibre entre valeur agricole et valeur écologique des prairies naturelles. Le couple d’éleveurs a fini second du concours local « Marais de Vilaine » avec les encouragements spéciaux du jury.
Au-delà de la place, les éleveurs disent ressortir gagnants de cette participation en terme d’apport personnel. « Notre but n’était pas forcément de gagner, mais plutôt de faire un état des lieux de nos pratiques sur le marais avec des experts, et de pouvoir partager avec d’autres éleveurs sur le sujet. C’était dans cette optique là que nous nous étions inscrits » explique Flora Bertau.
Un système herbager spécifique au marais
S’ils ont été sollicités par le syndicat du bassin versant de l’Isac (SBVI) et l’établissement public territorial de bassin de la Vilaine (EPTB Vilaine) pour participer, c’est qu’ils exploitent 30 ha de marais sur les 85 ha que compte l’exploitation. Lorsque le couple a repris récemment la ferme, il a gardé les pratiques des précédents exploitants qui vivaient en « symbiose » avec cette zone humide. De fait, leur élevage, constitué de 45 vaches laitières bio, fonctionne sur un système tout herbe particulièrement adapté à la zone.
« Les marais sont vraiment intégrés dans notre système de pâturage. Nous sommes engagés dans une Maec, donc nous ne fauchons pas avant le 1er juin. Mais l’été, c’est la dernière zone de pousse de l’herbe quand les autres parcelles ne produisent plus. Ça peut permettre de passer la période critique », explique Mathieu Bertau. Le jury a d’ailleurs reconnu que la fauche et le pâturage des regains étaient de nature à révéler la meilleure expression floristique de la parcelle en quantité et en qualité par rapport à la contrainte du milieu. La partie des marais non valorisable en alimentation est elle aussi utilisée, pour le paillage de la stabulation. « Je fauche cette zone à partir du 10 juillet », ajoute l’éleveur.
La biodiversité étudiée de près
Lors de son passage, le jury régional parcourt la parcelle en diagonale. Il observe et annote les insectes, les oiseaux, la flore de prairie et les pratiques culturales vertueuses. « Ils ont remarqué des grandes sauterelles, des papillons et des libellules que nous ne voyons plus d'habitude », se réjouit Flora Bertau. Concernant la préservation de la faune sauvage, lors des chantiers de fenaison, Mathieu Bertau effectue une fauche lente en commençant par le centre
En terme de flore, le jury a recensé 45 espèces avec des différences selon les zones de pâture. La partie la plus élevée est constituée de graminées demi-précoces alors qu’en contrebas, sur la zone plus humide, se développent des espèces tardives avec des trèfles et lotiers intéressants pour le pâturage des regains.
Les gagnants des concours régionaux participent ensuite à la sélection nationale organisée dans le cadre du concours général agricole. Cette année, la Loire-Atlantique a remporté la 1ère et la 3ème place de la catégorie « fauche et secondairement pâturage en plaine et piémont humide » avec des fermes situées respectivement dans l’estuaire Nord de la Loire et dans le marais de la Vilaine. C’est dans cette catégorie qu’avaient concouru Mathieu et Flora à l’échelle régionale. La Loire-Atlantique a également remporté le second prix de la catégorie « pâturage et secondairement fauche » grâce à une exploitation située sur le marais du lac de Grandlieu.