Un arrêté pour faciliter l’utilisation des eaux usées en agriculture
Un arrêté gouvernemental relatif à la réutilisation des eaux usées traitées (REUT) en vue d’irriguer des cultures a été publié le jeudi 28 décembre dernier.
« L’arrêté a pour objectif de permettre la valorisation des eaux non conventionnelles avec 1 000 projets de réutilisation d’eau d’ici 2027 », a déclaré le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, suite à sa publication. Le présent arrêté définit les seuils de qualité des eaux nécessaires aux projets de réutilisation des eaux usées traitées en fonction des usages : cultures vivrières avec ou sans contact direct avec l’eau usée, fourrage, pâturage, cultures industrielles, à vocation énergétique ou encore la production de semences. Il introduit également la mise en place de barrières appropriées, garantissant l’état sanitaire de l’eau. Parmi les mesures figurent par exemple l'utilisation de systèmes d'irrigation goutte-à-goutte, l'arrêt de l'irrigation avant la récolte, le lavage à l'eau potable ou à l'aide de solutions désinfectantes.
Ce texte précise également la démarche d’évaluation et de gestion des risques à mettre en place, ainsi que les situations dans lesquelles l'utilisation des eaux usées traitées (REUT) est interdite : terrains saturés en eau, à l’intérieur d’une zone de captage d’eau ou d’une zone d’usage sensible de l’eau définie par décision du maire ou du préfet. De plus, les terrains en pente sans couverture végétale ou les pâturages sont par ailleurs soumis à certaines conditions. Pour le ministre, la REUT « fait partie de la panoplie de solutions que nous devons développer au sein des territoires notamment en matière d’irrigation agricole. »
Un exemple de REUT appliqué en viticulture
À Gruissan, dans l’Aude, une unité Inrae expérimente depuis 2020 la REUT pour irriguer la vigne. Dans ce territoire du littoral méditerranéen, frappé par des sécheresses récurrentes, la valorisation des eaux dites non conventionnelles fait partie des pistes pour sauvegarder l’activité agricole.
L’arrêté, qui fait suite aux annonces du président de la République lors de sa présentation du plan eau en mars dernier, précise qu’« il sera nécessaire de soumettre une demande d'autorisation pour tout projet visant à utiliser des eaux usées traitées à des fins d'irrigation agricole ». Cette demande devra justifier de l'intérêt du projet par rapport aux enjeux environnementaux et démontrer sa compatibilité avec la préservation de la santé humaine, animale et environnementale.
Dans la même veine, un autre texte très attendu par le secteur agroalimentaire vise la réutilisation des eaux traitées provenant des stations d'épuration.
Selon le Programme des Nations unies pour l'environnement, seulement 11 % des eaux usées domestiques et industrielles sont réutilisées à l'échelle mondiale. Cependant, on observe une grande disparité entre les pays : la France utilise moins de 1 % de ses eaux usées d'après le centre d'études sur l'environnement Cerema, alors qu’Israël affiche un taux de près de 80 %.