La réutilisation des eaux usées, un enjeu majeur en agriculture
Les chambres d’agriculture et la Fédération professionnelle des entreprises de l’eau (FP2E) se sont réunies, le 9 décembre, pour réfléchir à des solutions communes en marge du Varenne de l'eau. En tête, la question de la réutilisation des eaux usées pour l'irrigation agricole.
« Nous devons basculer d’une logique d’atténuation à une logique d’adaptation », constate Maximilien Pellegrini, président de la FP2E, qui présentait ses positions sur le dossier de l’eau en agriculture, à l'occasion d'une conférence de presse co-organisée avec les chambres d'agriculture. André Bernard, vice-président de l'APCA voit dans l’irrigation le « premier remède » pour lutter contre les sécheresses, conséquences directes du réchauffement climatique.
En France, nous réutilisons 0,8 % des eaux, alors que l’Espagne est à 14 % et l’Italie à 8 %.
La réutilisation, après traitement, des eaux usées devrait être, selon Maximilien Pellegrini, une solution à étudier et qui est, pour l'heure, « largement sous-estimée en France ». Son constat est sans équivoque : « En France, nous réutilisons 0,8 % des eaux, alors que l’Espagne est à 14 % et l’Italie à 8 % ». Comment expliquer un taux de réutilisation si faible ?
Développer la réutilisation des eaux traitées
Le représentant des professionnels de l’eau identifie deux principaux freins : le premier est réglementaire. « Il existe aujourd’hui une réglementation seulement sur l’arrosage. Il faut une réglementation plus large, moins restrictive et mieux adaptée. Est-il normal que la voirie soit nettoyée avec de l’eau potable ? », s’interroge Maximilien Pellegrini, qui regrette par exemple que le multi-usage soit impossible. Deuxième frein identifié, le coût. « Il faut que ce soit tenable dans le temps », analyse le président de la FP2E, avant de citer l’exemple de la pomme de terre de Noirmoutier, irriguée depuis longtemps avec de l’eau traitée issue de la station d’épuration locale. « Et pourtant, c’est une production labellisée ! ».
Appel à la création d’un Haut-commissariat à l’eau
Le sujet du stockage a également été évoqué. « Les capacités en France sont insuffisantes en comparaison de l’Espagne ou du Maroc », pointe André Bernard, qui alerte sur la « responsabilité majeure de l’État dans la gestion de l’eau. L'agriculture a été dessaisie de ce sujet au profit du ministère en charge de l'écologie. La stratégie nationale relative à l'eau dépasse l'environnement ». Le vice-président de l’APCA et le président de la FP2E appellent ainsi à la création d’un Haut-commissariat à l’eau, afin de « mettre tout le monde autour de la table ». Les professionnels du secteur estiment qu’il faudrait ajouter environ quatre milliards d’euros supplémentaires aux six milliards actuellement investis dans la gestion de la ressource en eau, pour poursuivre les objectifs de transition écologique.