Rentrée 2021 : Julien Denormandie dresse ses priorités
Le ministre de l’Agriculture a profité des traditionnels vœux à la presse, le mardi 12 janvier, pour réaffirmer l’objectif de souveraineté agroalimentaire qu’il fixe pour la France, allant même jusqu’à parler de « souveraineté démographique » lorsqu’il aborde la question du renouvellement des générations. Pour y arriver, sa méthode se décline en cinq priorités.
S’il fallait n'en formuler qu’un, le vœu de souveraineté agroalimentaire pour la France serait celui que choisirait à coup sûr Julien Denormandie. L’actuel ministre de l’Agriculture a fait de cet objectif le cheval de bataille de sa politique depuis sa prise de poste en juillet dernier.
Cinq priorités pour un même combat
Première priorité : atteindre la souveraineté protéique. Le ministre entend lutter contre les importations de soja sud-américain et, par là même, contre la déforestation. « Cela fait cinquante ans que ça dure », martèle-t-il. 100 millions d’euros du Plan de relance sont ainsi alloués au Plan Protéine porté par le Gouvernement.
Deuxième priorité : la répartition de la valeur qui se joue en particulier dans le cadre des négociations commerciales. « Beaucoup a été fait mais nous devons aller plus loin », indique le ministre, qui place ce volet sous le triptyque confiance – exigence – transparence. « Il faut sortir de la guerre des prix pour aller vers la transparence des marges », souligne l’intéressé. Cette mission, confiée à Serge Papin, l’ancien président-directeur général de Système U, est en cours.
Troisième priorité : la déclinaison du Plan de relance d’1,2 milliard d’euros. Selon le ministre, 900 M€ ont d’ores et déjà été mis en œuvre. Au 1er janvier 2021, les crédits d’impôt HVE et glyphosate ont été lancés. « Ces crédits sont extrêmement importants pour créer de la valeur », explique Julien Denormandie. Les primes à la conversion des agroéquipements auraient généré selon ce dernier le dépôt de 3 600 dossiers. Les aides aux investissements face aux aléas (100 M€, 300 dossiers déposés), aux investissements sur le volet protéique, et au Plan Forêt (100 M€) ont également été citées.
L’accompagnement des jeunes générations a été un point abordé par le ministre .
« Je salue ici tout le travail qui a été fait avec les chambres et avec les Jeunes Agriculteurs pour financer des bilans carbone des nouvelles installations. C’est un enjeu primordial, une source d’opportunités si nous arrivons à valoriser la captation du carbone. […] Car on n’en parle pas du tout. La captation du carbone par le sol est absente des marchés du carbone ».
Quatrième priorité : la Pac, en cours de finalisation. Le ministre a insisté sur la nécessaire convergence des normes au niveau européen.
Cinquième et dernière grande priorité : la gestion de l’eau. Reconnaissant là un sujet complexe, Julien Denormandie a déclaré que les règles régissant le débit d’usage des eaux étaient en cours de discussion. Sans donner de date précise, il a affirmé qu’un décret est sur le point d’être finalisé.
Frais et local : lancement d’une plateforme
Après la charte d’engagement, signée en novembre dernier par les principaux distributeurs, qui vise à mettre en avant les produits frais et locaux dans les étalages, une plateforme numérique fraisetlocal.fr a été lancée à l’occasion de cette conférence de rentrée. 8 000 points de vente à la ferme y sont déjà recensés. « Dans le Plan de relance, 80 M€ ont été mis sur les projets alimentaires territoriaux (PAT). Avant, l’État aidait avec 6 M€ sur quatre ans. On souhaite accélérer drastiquement en mettant 80 M€ sur deux ans », précise Julien Denormandie.
La crise sanitaire et ses conséquences désastreuses dans bien des domaines ont néanmoins permis l’essor des circuits de distribution de proximité, en particulier des points de vente à la ferme. « On estime que la part vendue en circuits courts est de 10 %, on vise les 25 % d’ici 5 ans », abonde Sébastien Windsor, président des chambres d’agriculture.
Tous reconnaissent un accord gagnant-gagnant entre producteurs et consommateurs, et une manière de faire tomber les barrières et de rapprocher les mondes urbain et rural.
Lors de ses vœux à la presse, Julien Denormandie a fait état de la situation vécue par la filière avicole touchée par l’influenza aviaire. Cinq départements sont concernés pour l'heure (Gers, Landes, Pyrénées-Atlantiques, Hautes-Pyrénées et Lot-et-Garonne), 198 foyers de contamination sont dénombrés au niveau national dont 170 rien que dans le département des Landes. Depuis début décembre, près de 700 000 volailles (essentiellement des canards) ont été abattues suite à la détection de foyers ou à titre préventif. « Ce sont des décisions lourdes », a partagé le ministre. Des mesures drastiques (abattages, zones tampons, réorganisation de la chaîne logistique) d’un côté et indemnisations des éleveurs de l’autre ont été prises et appliquées. Le ministre a tenu à rappeler que le virus H5N8 qui circule actuellement est très contagieux pour la volaille, mais non transmissible à l’Homme. « Continuons à manger de la volaille, des œufs, du foie gras et du canard, il n’y a aucun risque ! » a-t-il assuré.