Mon projet d’installation : Romain Courval dans le Calvados
À seulement 18 ans, l'étudiant en BTS ACSE possède une ambition déjà bien définie : reprendre l’exploitation polyculture-élevage familiale située à Combray (14). Il nous détaille les contours de son projet.
Présentation
Je m’appelle Romain Courval, j’ai 18 ans et je suis actuellement en première année de BTS ACSE (analyse conduite et stratégie d’une entreprise agricole) que je réalise à Sées. J’ai également obtenu un bac pro CGEA (conduite et gestion d’une entreprise agricole) option polyculture-élevage au lycée général et technologique agricole Le Robillard à Saint-Pierre-Sur-Dives. Comme beaucoup de jeunes que j’ai pu croiser pendant mes études, j’ai entrepris ce cursus scolaire avec l’idée d’un jour reprendre l’exploitation familiale.
L’exploitation, de type polyculture-élevage naisseur, se compose de 165 ha avec plus de 75 % en herbage – le reste étant exploité en culture de vente (blé, orge, colza, avoine) et culture fourragère. Nous disposons d’un troupeau de vaches allaitantes de race charolaise d’environ 85 mères. Les génisses sont élevées pour le renouvellement du troupeau et les mâles sont vendus à 7 mois. L’exploitation se situe dans le Calvados, à Combray, au sein de la petite zone géographique de la Suisse Normande. Comme son nom l’indique, c’est une région vallonnée avec des terres très superficielles, ce qui limite la diversité des productions et leurs rendements. Nous sommes ainsi obligés d’opter pour un système à tendance plus extensive, cependant certaines de nos parcelles ne peuvent être valorisées autrement que par des prairies naturelles.
Mes motivations
Comme beaucoup, j’ai eu plus jeune l’envie de faire de nombreux métiers, du joueur de foot au militaire en passant par le boulanger. Mais la passion du métier de mes parents m’a rattrapée. Difficile d’y échapper quand depuis tout petit, on a été bercé par le meuglement des vaches et le bruit des tracteurs. C’est donc pour cette raison que je me suis lancé dans des études agricoles. L’exploitation familiale que j’envisage de reprendre aujourd’hui est le fruit du labeur de mon père : il s’est installé hors cadre familial et a dû remettre l’exploitation en état de produire (préemption safer sur des terres destinées à être boisées). Un travail qu’il a continué à faire durant toute sa carrière, rejoint par ma mère. Aujourd’hui, ils ont bâti à eux deux une exploitation digne de ce nom et respectable. L’implication de mon père dans le syndicalisme agricole m’a également permis de comprendre qu’il fallait continuer de se battre pour notre agriculture et ne pas baisser les bras.
Je pense que l’agriculture possède des perspectives d’évolution énormes. La diversité de production permet à tout un chacun de tenter de réaliser son projet, et d'éviter de se cantonner à des pratiques traditionnelles. À l'inverse, attention à ne pas non plus tomber dans de mauvais travers en se laissant dicter une façon de faire.
La matière première que nous produisons aujourd’hui sur nos exploitations nous fait perdre de l’argent : je trouve regrettable et inacceptable de ne pas pouvoir gagner ma vie avec la production de mon exploitation. À l’instar de nombre d’agriculteurs, ce sont les aides de l’Europe qui nous permettent de vivre. Il n’est pas normal que dans les 12 euros du kilo de viande vendu en moyenne en France dans le commerce, seulement 4 euros revienne à l’éleveur, qui aurait au minimum besoin de 5 euros, ne serait-ce que pour ne pas perde d’argent. Selon moi, l’avenir de l’agriculture passe par une réorganisation de la chaîne alimentaire.