Les neufs vies de Pierre
Pour se diversifier, il a transformé sa passion pour les animaux de compagnie en activité professionnelle. Pierre Meyer, membre du Conseil d’administration de JA Nat’, fait pousser des céréales… et des chatons de race. Rencontre avec un JA qui vit entre chats et champs.
Les chats de Pierre n’habitent pas chez lui. C’est lui qui habite chez les chats. Il a construit la maison dans laquelle il vit, avec son mari, Joshuan et leurs sept chats, en fonction des besoins de ces derniers. Arbres à chats monumentaux, pièces ouvertes sur des espaces extérieurs clôturés et litières automatiques, impossible de ne pas sentir que les félins règnent ici en maîtres.
Pierre et Joshuan sont éleveurs de Maine Coon, une race de chats caractérisée par une grande taille (les mâles font jusqu’à 12 kg) et des plumets au bout des oreilles. Le couple découvre la race en visitant une exposition féline en 2018. Pierre est alors installé depuis 2013 en céréales (maïs, blé, soja, tournesol notamment) à Dessenheim, dans le Haut-Rhin. Il s’est diversifié en produisant de la menthe et de la coriandre. L’élevage félin apparaît alors comme une autre voie de diversification possible, qui permet à Pierre de cumuler sa profession agricole et sa passion des animaux.
Des démarches administratives complexes
Il suit une formation de trois jours, obligatoire pour toute personne souhaitant commercialiser des animaux de compagnie, puis doit se déclarer en préfecture. Un vétérinaire atteste alors que les infrastructures d’élevage sont aux normes et qu’un protocole sanitaire est appliqué. « Lorsqu’on fait le ménage, on doit commencer par la salle des chatons, puis celle des chats et enfin la salle de possible quarantaine, pour ne pas exposer les animaux les plus fragiles aux germes », explique Pierre.
La réglementation pour l’élevage de chats est calée sur celle de l’élevage bovin, ce qui peut compliquer certaines démarches. Si le transport d’animaux est facturé, l’éleveur doit disposer d’un véhicule spécialisé, comme une bétaillère. Le futur éleveur félin doit aussi créer son entreprise ou dans le cas des agriculteurs, vérifier que cette activité est en adéquation avec les statuts de l’exploitation. Enfin, il faut déclarer au Loof l’affixe, c'est-à-dire le nom de la chatterie qui servira de nom de famille aux chatons qui y sont nés. Ces étapes indispensables n’offrent cependant pas d’informations sur les croisements génétiques, les couleurs de l’animal, etc. Les éleveurs devront se perfectionner sur ces points en autodidacte.
Les intérêts de l’élevage d’animaux de compagnie
Cette activité permet de rencontrer des passionnés et de faire partie d’un réseau d’éleveurs parfois éloignés du monde agricole, mais venant des quatre coins du monde. Les éleveurs alsaciens ont adopté une femelle russe, une Grecque et une Italienne, et gardent contact avec les autres chatteries. « On devait organiser une exposition dans notre hangar en mai, indique l’éleveur. Un événement qui n’est pas ouvert au public mais qui permet aux éleveurs de Maine Coon de se rencontrer et d’échanger. » Le projet a été annulé en raison du Covid-19 mais sera sûrement reporté à l’année prochaine.
L’élevage de Maine Coon permet aussi de tisser des liens avec les familles adoptantes qui forment une vraie communauté d’amoureux des chats. « On prend beaucoup de temps pour expliquer notre façon de faire, notre vision de l'élevage. » Sur la page facebook de la Chatterie, des photos et vidéos des félins sont régulièrement partagées, à tel point que lors du premier confinement, Pierre et Joshuan recevaient des demandes de particuliers qui voulaient juste « venir voir les chats ». « Mais on ne peut pas accueillir tout le monde, ce n’est pas un zoo !» rappelle Joshuan, soucieux de la sécurité sanitaire et du confort de ses petits protégés.
Retrouvez le portrait complet de Pierre dans le JA Mag de janvier/février 2021 !