Les Chambres font part de leurs propositions aux candidats sur fond de crise ukrainienne
Alors que ce matin, le président des Chambres d’agriculture devait uniquement s'exprimer sur les propositions faites par l’APCA aux candidats aux élections présidentielle et législatives, il n’a pas pu faire l’impasse sur la crise ukrainienne qui s’est brutalement accélérée dans la nuit du mercredi au jeudi, tentant d’entrevoir les conséquences à court et moyen termes qui pourraient peser sur l’agriculture française.
La crise ukrainienne
Sébastien Windsor ne pouvait commencer cette conférence de presse dont l’objectif était de présenter les propositions faites par les Chambres d’agriculture aux candidats aux élections présidentielle et législatives, sans évoquer la situation en Ukraine et les possibles retombées à court et moyen termes sur l’agriculture française. Il a d’abord rappelé les chiffres. L’Ukraine produit environ 33 millions de tonnes de blé par an, soit 4 % de la production mondiale.
« L’Ukraine est un pays très exportateur et un acteur majeur des flux mondiaux », a souligné le président des Chambres d’agriculture.
Cette crise qui s’accélère, mais dont personne ne serait capable d’en deviner l’issue peut avoir de multiples conséquences. La désorganisation voire la destruction des infrastructures et les problèmes logistiques qui en découleraient pourraient dans un premier temps empêcher l’Ukraine de « sortir ses productions », a présumé Sébastien Windsor. À plus long terme, les volumes de production pourraient même diminuer du fait d’une déstabilisation interne du pays (difficultés d’approvisionnement en intrants, manque de main-d’œuvre…).
Conséquence directe de l’envahissement et des bombardements du territoire ukrainien par la Russie dans la nuit du mercredi 23 février au jeudi 24 février, la réaction spéculative n’a pas tardé. « Le blé a pris 40 euros ce matin, le colza 100 euros », a énoncé Sébastien Windsor, anticipant les retombées néfastes pour les filières d’élevage françaises déjà en difficulté. « Et quelles seront les conséquences sur nos exportations en Russie ? Des marchés risquent de se fermer suite aux sanctions mutuelles qui vont se mettre en place entre l’Europe et la Russie », s’est interrogé Sébastien Windsor pensant notamment aux vins et spiritueux. Là encore, la filière n’avait pas besoin d’un nouveau coup dur, après la crise avec les États-Unis et le gel du printemps dernier.
1 agriculteur, 1 projet
Après cette inévitable introduction liée à l’actualité, le président des Chambres d’agriculture est ensuite passé au sujet initialement prévu, à savoir la présentation des 60 propositions faites aux candidats aux élections présidentielle et législatives, regroupées sous le slogan « 1 agriculteur, 1 projet ». L’ambition est de « remettre l’agriculteur en mode projet au lieu d’essayer de le faire entrer dans des cases », a expliqué Sébastien Windsor. Aussi l’une de ces propositions est de mobiliser 45 M€/an pour mettre en place des « chèques conseil » visant à accompagner individuellement les agriculteurs dans l’élaboration de leurs projets. Selon M. Windsor, interrogé sur l’origine du financement de ces chèques, il serait envisageable de puiser dans les fonds du plan Ecophyto 2 pour financer ces accompagnements.
Il a également appelé à poursuivre et à abonder les dispositifs d’aide à l’investissement dans le cadre du plan France Relance qui permettent aux agriculteurs de s’équiper pour réaliser des projets de transition sur leurs exploitations.
Le volet installation et transmission a ensuite été abordé, Sébastien Windsor insistant sur la nécessité de mettre en place des mesures fiscales pour inciter les cédants à transmettre leurs exploitations à des jeunes agriculteurs.
« La solution, c’est de travailler avec les cédants pour les aider à anticiper leur départ. »
Sur ce point, il a d’ailleurs estimé « être très raccord avec le syndicat Jeunes Agriculteurs », qui fait également de la transmission l’une de ses priorités.
Parmi les propositions, certaines visent également à moderniser les élevages, par exemple en favorisant la mise en place d’un système d’identification bovin par voie numérique et non plus papier. Le développement du numérique dans les territoires est en outre l’une des préoccupations des Chambres d’agriculture qui souhaitent notamment que les données numériques de l’État soient mises à disposition des organismes de recherche et de développement à but non lucratif.
Les Chambres d’agriculture appellent également à accélérer les Projets Alimentaires Territoriaux (PAT) en renforçant les moyens donnés aux acteurs locaux, mais aussi à modifier les règles de la commande publique afin de pouvoir inscrire un critère d’approvisionnement local dans les appels d’offres, critère qui reste cependant à définir. Les Chambres souhaitent aussi le développement de petites filières territorialisées et appellent l’État à mobiliser 50 M€/an dans cet objectif. « On a souvent besoin de cet argent pour initier un projet à l’échelle locale », a expliqué.
Sébastien Windsor ne s’est pas épanché sur chacune des 60 propositions, mais celles-ci sont à retrouver sur le site internet des Chambres d’agriculture.