Terres Innovantes partage sa vision de l’innovation agricole
Terres innovantes, le fonds de dotation du syndicat Jeunes Agriculteurs, a profité du Salon de l’agriculture pour présenter un livre blanc sur l’innovation en agriculture rédigé en concertation avec ses mécènes fondateurs : Carrefour, Crédit Agricole, Nestlé France, RAGT et Total Energies.
D’après le livre blanc présenté mercredi 2 mars par le fonds de dotation Terres Innovantes sur le stand de l’Inrae lors du SIA, les innovations présentes dans le monde agricole doivent répondre à quatre objectifs : le développement de systèmes de production performants, la création de valeur ajoutée pour les agriculteurs, l’accompagnement dans le changement de leurs pratiques pour répondre aux défis environnementaux et une connexion renforcée entre l’agriculture et son territoire.
Dans le monde agricole, les innovations sont plurielles et vont de la semence au consommateur. Elles sont aussi bien au service des agriculteurs que des agroindustriels ou des consommateurs. « 91 % de nos clients demandent aujourd’hui plus de transparence par rapport à ce qu’ils consomment », illustre Rami Baitiéh, directeur exécutif de Carrefour France. Pour répondre aux attentes de ses consommateurs, il entend ainsi renforcer la traçabilité des produits distribués par Carrefour via la technologie Blockchain (base de données partagée).
Les innovations doivent inclure les agriculteurs
Aujourd’hui, de multiples innovations fleurissent dans le monde agricole ce qui peut être vecteur de confusion. La condition ultime pour qu’elles soient appliquées sur le terrain plutôt que « mises au placard » est qu’elles parviennent à gagner la confiance des agriculteurs. Aussi, l’une des propositions du livre blanc est de favoriser les innovations inclusives en adoptant des démarches collectives. « Il faut favoriser les recherches dites participatives, qui associent les acteurs concernés y compris dans la conception des projets de recherche », estime Philippe Mauguin, le président-directeur général d’Inrae. C’est d’ailleurs ce qu’ont prévu de faire la fondation Avril et les Jeunes Agriculteurs lors de la prochaine édition du concours Make It Agri : les Jeunes Agriculteurs sont invités à proposer leurs idées et besoins en matière d’innovation qui seront ensuite repris dans les projets des élèves ingénieurs candidats au concours. Mais Philippe Mauguin va encore plus loin en annonçant vouloir mettre en place « de vrais labos au sein même des exploitations agricoles avec des agriculteurs pionniers, souvent des jeunes, qui seront engagés à part entière dans les projets ».
Sébastien Windsor, le président des Chambres d’agriculture, rajoute que pour remporter l’adhésion des agriculteurs, « il est primordial d’avoir des zones de tests et d’expérimentations grandeur nature qui montrent que la technologie marche ». « Les agris sont très “Saint Thomas”, à ne croire que ce qu’ils voient », justifie-t-il. Il souligne par ailleurs l’importance d’accompagner la prise de risque, mais aussi d’avoir une approche globale de l’exploitation et de ses besoins. « Une innovation qui arrive dans une ferme car il y a une subvention, mais pas réellement de besoin, ça ne marche pas », juge-t-il.
Un lien nécessaire avec la recherche fondamentale et les startups
Sébastien Windsor a aussi appelé à accélérer la collaboration avec la recherche fondamentale et les startups, par exemple en partageant les données, qui sont de vraies richesses. Une déclaration saluée par Jean-Baptiste Vervy, président de l’association CoFarming qui regroupe une vingtaine de startups agricoles. On a d’ailleurs pu constater tout au long de ce Salon de l’agriculture le poids important que représentent aujourd’hui les startups du monde agricole. « Avec 600 m2, on est l’un des plus gros stands du Salon », indiquait en début de Sia le président de La Ferme Digitale, une association qui compte aujourd’hui plus de 80 startups contre seulement cinq en 2015.
Sébastien Windsor et Jean-Baptiste Vervy sont aussi revenus sur la notion fondamentale d’acculturation à l’innovation et aux nouvelles technologies qui doit selon eux commencer dès la formation des agriculteurs. Pour Sébastien Windsor, il faut aussi « former les formateurs pour qu’ils connaissent les dernières innovations ». En effet, dans un domaine en constante évolution, il est fondamental de se mettre à jour régulièrement .
« Il faut aussi que les agris se reposent la question de l’innovation quand ils approchent de la retraite, afin de préparer le terrain pour la nouvelle génération qui arrive, estime quant à lui Jean-Baptiste Vervy, appelant à faire rêver nos enfants ! ». Une ambition que Samuel Vandaele, le président de Jeunes Agriculteurs, approuve complètement. « Il faut progresser et innover pour mieux transmettre » a-t-il déclaré en conclusion.
Si l’innovation semble aujourd’hui essentielle pour assurer le renouvellement des générations agricoles si cher au syndicat Jeunes Agriculteurs, l’enjeu de son financement reste un facteur essentiel pour son développement. D’après le livre blanc, ce dernier devra être partagé par l’ensemble des acteurs et provenir de différentes sources : fonds publics, entreprises, mécènes mais aussi financement participatif.