Léa Lebrat : cavalière de haut niveau, éleveuse au grand cœur
Si la jeune installée auvergnate élève au quotidien brebis et autres vaches limousines, c’est un autre quadrupède, le cheval, qui occupe son temps libre. Depuis dix ans, la cavalière s’est spécialisée dans les méconnues courses d’endurance.
Ce matin, comme tous les vendredis au marché au Cadran du centre de Saugues en Haute-Loire, on s’échange moutons et brebis sous l’œil avisé de Didier Lebrat, le chef des ventes et accessoirement papa de Léa. Installée en Gaec avec son père sur l’exploitation familiale depuis 2018, l’éleveuse de brebis et de vaches limousines attend le bilan des ventes du jour à la ferme au hameau des Salettes, où est installée la famille d’agriculteurs depuis quatre générations. Le grand-père veille au grain, posté à l’entrée du bourg. « Ah vous cherchez la Léa ! Vous savez moi aussi je peux monter à cheval ! », plaisante le septuagénaire.
Une pluie dense d’automne s’est invitée sur le paysage vallonné auvergnat, l’occasion de se plonger dans l’univers méconnu des concours d’endurance équestre au gré de quelques photos. « Le plus important dans une course, c’est la fréquence cardiaque du cheval à l’arrivée », commence par résumer Léa. « Tu as 30 minutes pour qu’il descende en dessous des 64 pulsations minute, sinon c’est la disqualification ».
Un duo athlétique
La cavalière sort la carte vétérinaire de l’une des courses de son cheval Vendeo, organisée sur les grandes pistes de Rambouillet en 2018. « Tu vois ici, on a la fréquence cardiaque, 49 battements par minutes à l’arrivée, la fréquence respiratoire, le test du pli de peau à l’encolure pour contrôler le niveau d’hydratation. On est contrôlé avant, pendant et après la course, détaille la vingtenaire passionnée. Il y a aussi l’assistance qui nous suit toute la journée ». Tel un pilote de course à qui on change les pneus et on remplit le réservoir d’essence, Léa est assistée tout au long de la course par « quelques amis que j’emmène avec moi », pour ravitailler le cheval en eau ou l’informer de la distance qui la sépare des autres concurrents.
À Rambouillet, Vendeo et Léa avaient bouclé les 120 km de course en 7h31 à une vitesse moyenne de 15,9 km/h, ce qui leur a valu une très belle troisième place. « C’est une machine à courir. Même s’il est en surrégime, il ne le montrera pas, il continuera d’avancer », lance Léa alors que nous approchons de l'enclos de son chouchou. La cavalière caresse le beau pur-sang arabe. « Si tu touches ici, tu sens son cœur battre ».
Sans complicité, pas de performance
Avec des exercices spécifiques et un régime alimentaire précis, Vendéo suit un entrainement d’athlète avant chaque compétition. « Je commence environ deux mois avant et je peux le monter jusqu’à deux heures par jour en se concentrant sur tout le dénivelé », décrit la cavalière qui n’échappe pas non plus à la mise en condition physique. « Pour me préparer, j’alterne course à pied et vélo. C’est un sport qui demande de se surpasser physiquement, c’est ça que j’aime », confie Léa avant d’évoquer l’autre objet de sa passion : la complicité avec son cheval. « Tu deviens vraiment complice, c’est indispensable même… Le mien, j’aimerais bien savoir combien il a de kilomètres dans les pattes ! ».
C’est que la cavalière a quelques courses au compteur depuis sa première, il y a dix ans. Elle n’avait alors que de 16 ans. Aujourd’hui âgée de 26 ans et installée depuis 2018, Léa trouve de moins en moins le temps d’assouvir cette passion aussi sportive que chronophage. Comme une manière de compenser, la jeune femme et sa famille partent chaque été en roadtrip… à cheval !