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Le sorgho, une alternative à étudier de près

Plus rustique que le maïs, moins sensible aux dégâts d’oiseaux que le tournesol, le sorgho peut présenter un intérêt dans la rotation. Il peut notamment offrir une alternative aux cultures d’hiver pour réduire la pression des adventices.

Champ de sorgho

« Avec plus de 60 000 ha de sorgho ensemencés en 2018, la France montre un intérêt grandissant pour cette culture », explique Julie Toussaint, directrice de Semences de Provence. « Le sorgho se retrouve dans les assolements du Sud de la Loire, principalement en Occitanie et en Nouvelle-Aquitaine, dans le Centre-Val de Loire où la culture se développe, un peu en Bourgogne et en Rhône-Alpes », précise de son côté Jean-Luc Verdier, d’Arvalis-Institut du végétal. « C’est dans l’Ouest que l’engouement est actuellement le plus marqué, ajoute Julie Toussaint. Au cours des cinq dernières années, nous avons observé une augmentation de 48 % des surfaces ensemencées dans le Centre-Val de Loire et les Pays de la Loire. Ces régions, où le sorgho est conduit majoritairement en sec, ont connu des déconvenues en maïs. Alors que, dans ces conditions difficiles, le sorgho a démontré sa rusticité. De plus en plus d’agriculteurs l’ont intégré dans leur assolement pour sécuriser les récoltes. »

L’Europe, déficitaire en sorgho

Le sorgho cultivé en France est principalement destiné à l’export, en particulier en Espagne et au Benelux. Les importations de l’UE s’étaient élevées à 160 000 t en 2016. Si l’on tient compte des échanges intracommunautaires, les besoins d’importations des pays de l’UE ont atteint 300 000 t au cours de la campagne 2016/2017. Un tiers a été fourni par les États membres et deux tiers par des pays hors UE. C’est dire si les producteurs européens de sorgho ont encore de la marge avant de satisfaire la totalité des besoins de l’Europe.

Tant mieux pour les agriculteurs français, qui sont avec leurs collègues italiens, les premiers producteurs de sorgho en Europe. « Les Espagnols utilisent le sorgho de longue date pour la fabrication d’aliments pour les porcins. Et au Benelux, il est valorisé en oisellerie, souligne Jean-Luc Verdier. Sa qualité, proche de celle du maïs, avec un taux de protéines un peu plus élevé, et son prix d’achat inférieur de 5 à 10 €/t à celui du maïs font qu’il pourrait être davantage présent sur le marché espagnol. C’est également le cas sur le marché français de l’alimentation animale qui, faute d’approvisionnement suffisant en sorgho, s’oriente parfois vers d’autres matières premières. »

Une culture sobre en intrants

« Peu cultivé en Europe, le sorgho a pourtant toutes les qualités pour se développer chez nous », estime Charles-Antoine Courtois, qui anime SorghumID. Cette association européenne a été récemment créée pour communiquer sur les qualités du sorgho. « Il bénéficie d’atouts agronomiques et pédoclimatiques uniques, d'une période de végétation assez courte et d'une capacité à s’adapter à tous les types de sol. » Sans oublier « sa sobriété en intrants et son adaptation au réchauffement climatique. »

« Le sorgho a l’avantage de ne pas être très exigeant en intrants, du fait de sa bonne capacité racinaire à extraire l’eau et les éléments nutritifs du sol, indique Jean-Luc Verdier. Il est aussi peu affecté par les maladies et les ravageurs. L’essentiel des charges de production provient du désherbage. » Comme le sorgho est semé un peu plus tard que les autres cultures de printemps, il limite le développement des graminées et leur levée dans la culture suivante. Côté fertilisation, le sorgho a besoin, selon SorghumID, de 100 à 150 kg d’azote et 60 kg de phosphore et de potassium pour atteindre son meilleur rendement. Une grande partie de cette fertilisation est restituée au sol après la récolte. C’est le cas pour 40 % de l’azote, 80 à 85 % du potassium et 20 à 30 % du phosphore.

Cultivé en sec ou irrigué

Le rendement moyen du sorgho grain en France se situe entre 5 et 6 t/ha. Un chiffre qui cache « de grandes disparités entre exploitations, reconnaît Jean-Luc Verdier. Il englobe des sorghos implantés sur des parcelles marginales, des sols pauvres où jamais on ne produirait de maïs. Dans les parcelles à haut potentiel, le sorgho peut atteindre des niveaux de rendement de plus de 80 qx/ha en sec, et même plus de 100 qx/ha. » D’après une étude conduite par Arvalis et Terres Inovia dans l'ancienne région Midi-Pyrénées, en conditions non irriguées, le niveau de marge brute du sorgho est comparable à celui du maïs ou du tournesol.

Jusqu’à présent, la limite Nord de l’implantation du sorgho est liée à l’exigence en températures de la culture. Pour le responsable d’Arvalis, le réchauffement climatique pourrait à l’avenir modifier cette répartition. Mais c’est surtout l’évolution des précocités qui fera bouger les lignes. Les sélectionneurs mettent désormais au point des variétés très précoces. Des essais sont également en cours avec des variétés très précoces pour conduire du sorgho en dérobé et ainsi produire trois cultures en deux ans. Un autre intérêt du sorgho.