Le BP REA en apprentissage, un diplôme attractif prisé des entreprises
Le BP REA est un diplôme de niveau IV (bac) qui prépare aux métiers de chef d'entreprise agricole, de salarié agricole ou de responsable d'atelier. Au CFPPA d’Abbeville, dans le département de la Somme, la rentrée 2020 a été marquée par l’ouverture d’une classe de BP REA polyculture élevage. La mise en place de ce diplôme répond à une demande locale, aussi bien de la part des étudiants que des entreprises.
Quinze élèves issus pour la plupart des CAPa et BPA proposés par l’établissement agricole vont pouvoir bénéficier de cette nouvelle formation dont le diplôme, de niveau IV (baccalauréat), leur permettra à terme de s’installer, s’ils le souhaitent. « Ce diplôme est valorisant pour les jeunes et leur permet de gagner en maturité », indique Valérie Fabre, directrice du CFPPA. « C’était aussi un souhait des entreprises que d’avoir des jeunes plus diplômés », ajoute-t-elle.
Bien qu’un BP REA existe au CFPPA Le Paraclet Amiens, Valérie Fabre et son équipe ont constaté que faute de mobilité, les élèves n’étaient pas disposés à s’y rendre. Ainsi, l’ouverture du BP REA à Abbeville répond à une forte demande locale et donne l’opportunité à ces jeunes de poursuivre leurs études et d’obtenir un diplôme supplémentaire. « Pour l’instant, mon objectif, c’est d’être ouvrier agricole après le BP REA », explique Donovan, 19 ans. L’étudiant sait déjà que si tout va bien, il aura une proposition d’embauche à la fin de ses études, chez son maître d’apprentissage actuel. Il ne perd pas le nord pour autant : « Il y a beaucoup d’agriculteurs qui arrêtent leur activité en ce moment, avec à la clé beaucoup de fermes à reprendre, avance-t-il. Ce diplôme me donnera la possibilité de m’installer un jour si j’en ai envie ».
« Aujourd’hui, les élèves ne souhaitent pas forcément s’installer après le BP REA », indique Blandine Decoene, formatrice.
« Pour l’instant, seuls trois élèves sur 15 ont vraiment le désir de s’installer, mais cela évoluera certainement au cours des deux ans de formation. »
Elise, elle, aimerait faire une formation de soigneur animalier par correspondance après le BP REA. Son rêve est de travailler dans un zoo et d’ouvrir une petite ferme à côté. Pour l’heure, elle est apprentie dans une exploitation de polyculture élevage qui compte 180 vaches laitières. « Je n’ai pas de famille dans l’agriculture, mais j’adore les bêtes, j’adore travailler dehors », explique la jeune fille.
Un BP REA comporte cinq UC (unité capitalisable) et deux UCARE (unité capitalisable d’adaptation régionale à l’emploi). Tandis que les UC, définies dans le référentiel BP REA du ministère de l'Agriculture, sont obligatoires, les UCARE sont choisies par les établissements en fonction des besoins du territoire et des ressources internes. « Ici, nous avons opté pour la production bovin lait, car on a beaucoup de producteurs de lait dans le coin, et pour l’optimisation du parc matériel, car la plupart des maîtres d’apprentissage font leurs réparations eux-mêmes, et que nous disposons d’un atelier », indique Blandine Decoene.
Ainsi, l’ouverture de ce diplôme répond à la fois à la demande des jeunes apprentis, des maîtres d’apprentissage et du territoire.
L’apprentissage : un mode de formation qui fonctionne
La particularité du CFPPA d’Abbeville est de ne pas avoir d’exploitation. « On a créé des partenariats avec des agriculteurs du coin que l’on sollicite régulièrement, explique Blandine. Hier, par exemple, nous sommes allés dans une ferme voisine pour voir les silos de maïs ». À quelques encablures de l’établissement, la Cuma des Villages sert quant à elle de plateau technique. Les élèves peuvent notamment s'entraîner à conduire différents engins agricoles.
Mais c’est avant tout chez leur maître d’apprentissage que les jeunes se forment. « Les élèves ont tous trouvé un maître d’apprentissage assez facilement », se réjouit la formatrice qui note un vrai engouement pour l’apprentissage depuis un an. « Auparavant, les collèges eux-mêmes rechignaient à envoyer leurs élèves vers un mode de formation par apprentissage, au profit de la seconde générale », indique Blandine. Depuis, l'apprentissage a largement fait ses preuves.
Les enjeux environnementaux pris en compte
Dans le cadre du plan 2014-2018 « Enseigner à produire autrement » du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, les référentiels des formations agricoles ont été rénovés dans une perspective agroécologique. Ainsi, la version rénovée du BP REA est en application depuis janvier 2018. « Nous essayons d'introduire des notions agroécologiques dans l’ensemble de nos cours », explique Blandine, également formatrice Certiphyto. Des cours spécifiques sur le bien-être animal, l’agriculture biologique ou encore les modes de commercialisation en circuit court sont également délivrés dans le cadre de la formation. « Les élèves sont plutôt sensibles aux enjeux environnementaux, et notamment à l'utilisation des pesticides, car leurs maîtres d'apprentissage font de plus en plus attention, en raison du prix des produits, mais aussi de leur nocivité », indique la formatrice.
Le CFPPA d'Abbeville est un centre constitutif de l'établissement public local d'enseignement et de formation professionnelle agricole (Eplefpa) de la baie de Somme, tout comme le lycée professionnel agricole (LPA). Ainsi, au sein de l'Eplefpa, différentes formations se répartissent entre le LPA et le CFPPA. Le lycée compte des secondes et bac pro, ainsi qu'un BTSA. Le CFPPA propose des CAPa, BPA, BP, un BTS et un titre pro. Il y en a pour tous les goûts : agriculture, espaces verts, ou encore service à la personne. La plupart des diplômes du CFPPA sont aussi réalisables en formation continue.