La France leader des pays exportateurs
Les boissons, les produits laitiers et les céréales sont les trois piliers du commerce agricole et agro-alimentaire français, toutes destinations confondues.
La crise économique et financière de 2008-2009 a été un tournant. Depuis dix ans, l’excédent commercial agricole et agroalimentaire de notre pays avec ses voisins européens s’effondre un peu plus chaque année tandis que celui réalisé avec les pays tiers atteint de nouveaux records.
Au sein de l’Union européenne (UE), le solde commercial était en effet de 7,3 milliards d’euros (Mds d’€) en 2008 et de 1,2 Mds d’€ avec les pays tiers. Dix ans plus tard, il n’excédait pas 50 millions d’euros au sein de l’UE (novembre 2018- octobre 2019 à octobre, derniers chiffres connus) et atteignait 7,7 Mds d’€ avec les pays tiers.
Aussi, la France est le 3ème pays européen exportateur (39 Mds d’€) au sein de l’UE et la première puissance exportatrice vers les pays tiers (23 Mds d’€ en 2018).
Le blé est un des piliers sur lesquels « notre pays accroît ses exportations agroalimentaires hors de l’Union européenne avec succès », observe Thierry Pouch, économiste à l’APCA. Il animait en décembre dernier la conférence organisée par l’APCA « Érosion de la compétitivité de l’agriculture française, les défis à relever sur les marchés nationaux, européens et mondiaux ».
D'autres secteurs aux reins solides
Deux autres filières (produits laitiers, +2,66 Mds d’€; aliments pour animaux, + 1,2 Mds d’€) sont aussi excédentaires. Mais sans les boissons (solde commercial de 13,3 Mds d’€), l’ensemble des échanges commerciaux agricoles et agroalimentaires français serait déficitaire de plus de 5 Mds d’€ !
La France est notamment importatrice nette de fruits et de légumes (3,5 Mds d’€). Les exportations ont baissé de 2 Mds d’€ en 10-15 ans compensées par des importations qui ont augmenté d’autant. Le coût de la main d’œuvre bon marché n’explique pas tout. La sur-transposition de la réglementation européenne pèse considérablement sur les filières animales et végétales en France.
En fait, l’Union européenne de 2019 n’est plus l’Union européenne de 2008 et encore moins celle de 2000.
De nouveaux pays exportateurs
De nouveaux pays exportateurs de produits agricoles et agroalimentaires (Brésil, Russie et Ukraine entre autres) se sont en effet imposés commercialement en grignotant des parts de marché à chacun de ces leaders historiques.
Dans cet environnement de concurrence exacerbée, « la France ne manque pas d’atouts. Elle doit saisir les opportunités qui se présentent à elle », a affirmé Thierry Pouch.
Mentionnons par exemple les conditions géographiques, le capital humain ou encore la typicité et la diversité des produits promus par un réseau diplomatique important sur les cinq continents.
La France est aussi dotée d’une infrastructure logistique terre-mer importante et elle est à proximité de marchés porteurs. « Elle reste ainsi un levier de puissance à travers l’Union européenne », a affirmé Thierry Pouch.
La France à proximité de marchés porteurs
Au sein de l’Union, l’ensemble des quinze pays membres historiques perdent du terrain depuis 10 ans. L’Allemagne n’a pas été épargnée même si la réunification lui a donné un second souffle car elle peut compter sur les lands de l’ex-RDA pour exporter massivement des céréales et des produits animaux. Pour autant, ce pays reste structurellement déficitaire.
Parmi les Quinze, seule l’Espagne a réalisé une percée notable sur le marché européen. Ce pays dégage un excédent de 12 milliards d’euros grâce notamment à ses filières de production d’entrée de gamme.
Ce recul relatif de la France et de ses voisins sur le marché européen est dû à l’émergence des nouveaux pays membres d’Europe centrale et orientale qui ont rejoint l’UE en 2004 et 2007. La Pologne a dorénavant les moyens de s’imposer sur un certain nombre de marchés (volailles, produits laitiers, bovins viandes, porcs etc) avec des coûts de production inférieurs à ceux en vigueur à l’ouest de l’UE. Plus au sud, la Roumaine et la Bulgarie sont devenues des exportateurs de céréales qui comptent.
À l’échelle mondiale, la France s’en sort très bien. Mais là encore, les pays leaders ont tous perdu des parts de marché sur la scène mondiale, à commencer par les États-Unis et les Pays Bas.