Nouvelles taxes de Trump contre la filière viticole française
Le président sortant des États-Unis a profité de ses dernières semaines au pouvoir pour infliger à l’Union européenne, et notamment à la France, de nouvelles taxes douanières. Les filières viticoles sont particulièrement visées.
La défaite de Donald Trump aux élections américaines n’aura pas permis de protéger les agriculteurs européens. À trois semaines de son départ, le locataire de la maison blanche a annoncé le 31 décembre une nouvelle série de taxes sur des produits européens, en réponse au protectionnisme européen dans l’aéronautique.
Un litige datant de 2004
Pour rappel, le litige entre Airbus et Boeing date d’il y a plus de 15 ans : à partir de 2004, certains États européens ont octroyé des subventions à Airbus, ce qui a été considéré par Washington comme une concurrence déloyale. Depuis octobre 2019, les États-Unis sont autorisés par l’Organisation mondiale du commerce à taxer près de 7,5 milliards de dollars (6,8 milliards d'euros) de biens et services européens importés chaque année, notamment le vin, le fromage, l'huile d'olive ou le whisky. Il s’agit de la plus importante sanction jamais autorisée par l’OMC. En réponse, l’UE a imposé depuis novembre des taxes douanières sur 4 milliards de dollars de produits américains.
L’administration Trump vient de lancer une nouvelle offensive, en vigueur le 12 janvier et visant en particulier des pièces détachées aéronautiques, des vins non pétillants et des cognacs, qui subiront une taxe supplémentaire de 25 %. Dans un communiqué de presse commun, les ministères de l’Economie, de l’Agriculture, des Transports et du Commerce extérieur français « condamnent » cette décision et promettent : « Nous accompagnerons les filières touchées par ces sanctions supplémentaires et nous resterons à leurs côtés ». Julien Denormandie et Bruno Lemaire se sont notamment engagés à recevoir les acteurs des filières viticoles dans la semaine.
"C'est encore l'agriculture qui trinque"
« C’est une aberration trumpienne de plus dans des échanges déjà difficiles entre l’Europe et les États-Unis, se désole Samuel Masse, qui a suivi de près les sanctions douanières, en tant qu’ancien responsable viti pour Ja Nat’ et vice-président du Ceja. C’est encore une fois l’agriculture et notamment le vin français et allemand, qui trinque. » Selon le viticulteur de l’Hérault, ces nouvelles sanctions douanières iront au-delà de la limite octroyée par l’OMC. « L’impact ne va pas être négligeable pour une filière déjà mise à mal par un contexte difficile, dû aux précédentes taxes et à la crise du Covid. »
Les mesures pourraient même être contre-productives pour les producteurs américains. « Les retailers et les liquors shop utilisent les alcools européens comme des produits d’appels pour les vins locaux. Avec la baisse de la fréquentation de ces commerces, les producteurs de vins américains perdent des clients. » Certains producteurs européens, qui n’ont pas subventionné Airbus, sont au contraire favorisés et voient leur part croître sur le marché américain. « Était-ce l’un des objectifs de Trump de diviser les Européens ? s’interroge Samuel Masse. Quoi qu’il en soit, on espère que la nouvelle administration américaine reviendra à la raison, et que l’on retrouvera un climat serein dans les échanges transatlantiques. »