Denis Pelizzari ou l’aventure hors du commun d’un JA aux JO !
Un JA aux JO ? Oui, vous avez bien lu ! Deux jeunes agriculteurs ont participé aux Jeux olympiques de 1984 ! Nous avons réussi à retrouver les traces de l’un d’eux : Denis Pelizzari. Aujourd’hui, âgé de 63 ans, il nous raconte son épopée fantastique : celle d’un jeune agriculteur du Gers parti réaliser la course de sa vie au pays de l’Oncle Sam.
Nous sommes en 1984 à Los Angeles aux États-Unis. Les Jeux olympiques d’été battent leur plein en cette journée du 5 août. Ciel dégagé, soleil au zénith, les températures s’annoncent particulièrement chaudes. Sur la ligne de départ de l’épreuve de cyclisme sur route, les coureurs impatients n’attendent que le feu vert pour s’élancer. Parmi eux, Denis Pelizzari, jeune viticulteur de 24 ans originaire du Gers. Le buste allongé sur son vélo, les bras fléchis et les coudes en appui sur le guidon, il est lui aussi sur le point de se lancer pour 100 km de bonheur intense.
« J’étais aussi stressé que concentré, je réalisais un rêve … »
Se remémore Denis, qui vit aujourd’hui à Dému, dans le Gers. Passionné de vélo depuis tout petit, il a réalisé en parallèle de son métier d’agriculteur une carrière sportive de premier plan. Sélectionné quarante fois en équipe de France de 1982 à 1987, il a participé à de nombreuses compétitions telles que le Tour de Bigorre qu’il a remporté en 1985, pas moins de quatre championnats du monde, la course de la paix en 1989 ou encore le Tour de la Nouvelle-Calédonie en 1991.
Aux JO de 1984, Denis et ses trois coéquipiers n’ont pas démérité. « Grâce à un entrainement savamment dosé, notre quatuor français a couvert les 100 km en 2 heures et 5 minutes. Nous avons terminé à la sixième place », raconte Denis. Une belle performance, car les pronostics les plus optimistes ne les voyaient arriver au mieux qu’en dixième position. « Parce que l’on avait fini 18ème ou 19ème aux championnats du monde l’année d’avant », confesse l’ancien JA.
40 ans après, des souvenirs intacts
Pour tout sportif amateur, les Jeux olympiques représentent l’aboutissement d’un rêve. « Quand tu as la chance d’aller au bout, tu changes inévitablement ta façon de vivre », note l’ancien champion. C’est ce qui lui est arrivé lorsqu’il est rentré en France après son séjour olympien. « Le sport est une activité ‘’curative’’, qui peut changer positivement le tournant d’une vie. Après cette expérience des JO, j’ai décidé de transmettre ce que je savais à mon tour. Ayant participé aux plus belles compétitions, j’ai fait ce choix de vouloir partager et ainsi montrer ce que peut apporter le sport ».
Parmi ses actions au service des autres, il a par exemple intégré un club paralympique pour accompagner des jeunes comme Patrice, non-voyant. Ainsi, de 1993 à 1996, il l’a initié au vélo en lui apprenant le placement ou l’abri prolongé[1], entre autres techniques. En tandem, ils ont participé aux championnats du monde paralympiques de 1996. « Ce fut une expérience particulièrement marquante et je suis assez fier de ma contribution », raconte Denis encore très ému en regardant à nouveau les photos de l’événement.
* Technique qui permet à un coureur de bénéficier de l’aspiration de ceux qui sont devant, et ainsi de devoir moins fournir d'efforts.
À travers sa passion pour le cyclisme, il a vécu des moments rares, le plus souvent réservés aux grands sportifs. Le vélo lui a permis de trouver son équilibre, de mener une vie entre les champs et les compétitions. « Je ne peux que conseiller aux jeunes agriculteurs de vivre des expériences plurielles, cela ne peut leur apporter que des bénéfices. Suivez vos passions, vos envies, vous en reviendrez toujours plus riches et emplis d’idées nouvelles », conclut Denis.
Le trophée exotique
J'ai eu la chance d'être invité au tour cycliste de la Nouvelle-Calédonie. Un territoire français où le vélo était assez développé durant ces années. Sur les sept étapes au programme, j'ai gagné les trois et je me suis positionné en haut du classement général. C'est cette année-là que j'ai arrêté ma carrière professionnelle, parce que je voulais revenir à l'agriculture et c'était le moment propice pour m'installer.
La Course de la Paix
Il la décrit comme "l'épreuve incontournable que tout cycliste doit faire au moins une fois dans sa vie". La Course de la Paix, symbole de la fraternité entre les peuples déchirés par la Seconde Guerre mondiale, a été la plus grande compétition cycliste d'Europe de l'Est. Denis y a participé dans les années 80 et s'est classé neuvième. "Ce fut un exploit dans cette course féroce, parfois à la limite de la légalité."
Souvenirs des routes vallonnées du Gers
"Je continue à pratiquer le cyclisme, mais je ne parviens plus à retrouver les sensations d'autrefois. Je sollicite mon corps, mais il peine à répondre ; désormais, je me laisse porter par le vent", se rappelle le passionné de contre-la-montre, celui qui pédalait à une vitesse comprise entre 35 et 40 kilomètres par heure.