La FNPL appelle les pouvoirs publics à assumer la transition vers l’agriculture biologique
Entre la fin des négociations commerciales et la PPL Descrozaille toujours dans les rouages législatifs, la filière lait ne manque pas d’actualités. Mais lors d’une conférence de presse organisée par la FNPL mardi 28 février au Salon de l’Agriculture, la filière a également souhaité revenir sur une tendance de fond inquiétante, à savoir le risque de destruction de valeur de la filière lait bio.
L’année 2022 n’a pas été de tout repos pour la filière lait. Avec un prix moyen du lait en hausse par rapport à 2021, mais beaucoup plus faible que dans les autres grands pays laitiers de l’Union européenne, elle attendait beaucoup des négociations commerciales. À un jour de leur clôture, où en est-on ? « Au niveau des PME, ça a bien avancé », estime Thierry Roquefeuil, président de la Fédération nationale des producteurs laitiers (FNPL). Il se montre toutefois prudent, sachant que « beaucoup risquent de finir les négociations le 1er mars à minuit. » L’autre grand enjeu du moment est la proposition de loi (PPL) Descrozaille, la « petite sœur » de la loi Egalim 2 qui, selon la FNPL, a vocation à venir « renforcer l’équilibre dans les relations commerciales entre fournisseurs et distributeurs ». La prochaine étape du long chemin législatif est le passage de la PPL en commission mixte paritaire (CMP), le 8 mars prochain. « La loi va dans le bon sens, et on espère que la CMP ne va pas la faire revenir en arrière », déclare la FNPL qui salue entre autres « l’élargissement aux marques de distributeurs (MDD) du dispositif de non-négociabilité des matières premières agricoles (MPA) ». Yoann Barbe, trésorier à la FNPL, souligne l’importance de « sanctuariser les MPA » avant de se pencher sur les MPI, les matières premières industrielles représentées par l’énergie, l’emballage, ou encore le transport.
« Le lait bio n’est plus payé à sa juste valeur. »
Concernant la filière lait bio, la FNPL partage son inquiétude. « Depuis plus d’un an, le lait bio n’est plus payé à sa juste valeur » alerte Samuel Bulot, producteur de lait en Côte d’Or. En 2022, le prix du lait bio a effectivement avoisiné celui du lait conventionnel. « Le ministère reste sur un objectif de 18 % de surface agricole utile en bio à l’horizon 2027 pour la France, mais il faut être en adéquation avec la demande », estime l’éleveur. Demande qui ne fait que baisser depuis 2021 : -9 % de ventes de lait liquide bio en 2022 par rapport à 2019, -13 % pour le beurre bio... Toutes les catégories de produits laitiers bio sont concernées par cet effondrement des ventes.
Alors que l’augmentation de la production de lait bio devrait se poursuivre durant le premier semestre 2023, la FNPL anticipe une stabilisation voire un déclin en deuxième partie d’année lié aux cessations d’activité. Pour le syndicat des producteurs de lait, l’heure est grave. Aussi Thierry Roquefeuil appelle les pouvoirs publics à assumer cette transition vers l’agriculture biologique. Comment ? « En aidant les producteurs à rester dans la filière bio même si le prix du lait n’est pas toujours à la hauteur », répond-il fermement. Un soutien d’autant plus urgent que certaines entreprises ont déjà fait part de leur risque de « décrochage » sur le marché du bio en 2023. « Quand les vaches partent, elles ne reviennent pas », alerte le président de la FNPL.