Politique et société

Élevage : la nouvelle génération ballottée entre passion et réalité

Croisés sur le stand JA à l’occasion du Sommet de l’élevage, plusieurs jeunes ont accepté de livrer leur ressenti sur le métier d’éleveur et son avenir. Certains sont sur le point d’arrêter leur atelier élevage, d’autres au contraire sur le point de le lancer. Entre l’amour du métier et la réalité souvent compliquée, leurs témoignages racontent l’actuelle bascule que vit le secteur.

Nouvelle génération d'éleveurs
Théo Morin

Théo Morin, 24 ans, est éleveur en bovin lait, installé depuis avril dernier avec son frère en SCEA dans la commune de Crans dans l’Ain. À contrecœur, les deux frères vont arrêter leur atelier laitier courant 2023. « On vendra notre troupeau de 55 vaches Prim’Holstein, car pour mettre aux normes les bâtiments, il faudrait débourser 800 000 € », explique Théo, on va faire de la double activité, mon frère travaillera en tant que boucher et moi je serai dans le para-agricole ». Le jeune homme regrette que les coûts de l’alimentation ne soient pas davantage pris en compte.

Marine Seckler

Marine Seckler, 33 ans, est éleveuse en bovin allaitant, poules pondeuses, porc plein air en bio et vente directe, en Gaec avec son compagnon dans la commune de Blanot en Saône-et-Loire. « Je galère à vendre en bio parce que le pouvoir d’achat est en baisse, ce n’est plus ce que recherchent les consommateurs, raconte la jeune femme, on est passé du « vous êtes top ! » à « vous êtes trop chers ! ». Un changement radical, explique Marine, qui s’est opéré en début d’année. Pour autant, la santé économique de son exploitation est bonne et « progresse bien ». Elle aimerait néanmoins pouvoir souffler davantage. Or d’après elle, « c’est compliqué de trouver un agent du service de remplacement de disponible ». Après un an de recherche, elle a néanmoins réussi à recruter un salarié qui vient de démarrer lundi dernier. Pour maintenir son revenu stable et gagner en autonomie, Marine a réduit son cheptel de vaches laitières pour « relâcher la pression sur les approvisionnements fourrage » et ainsi relocaliser le surplus vers les porcs. Être présente sur le stand JA lors du Sommet était important pour elle. « JA permet d’avoir une ouverture d’esprit, de rencontrer de nouvelles personnes, de générer de la cohésion d’équipe et d’amener des idées novatrices pour nos fermes ».

Adrien Vermeersch

Adrien Vermeersch, 22 ans, est installé en polyculture-élevage naisseur-engraisseur en Charolais dans un Gaec avec son père situé dans la commune Le Vilhain dans l’Allier. Il représente la quatrième génération. « On essaie de se battre avec l’ensemble des JA pour défendre la filière bovine. Egalim 2 peut être un bon outil pour y arriver, souligne le jeune homme, qui souhaite plus de sécurité financière pour les exploitations et ainsi gagner en sérénité. Avec son installation, Adrien a permis d’agrandir la ferme de 30 ha et ce dans le but de renforcer l’autonomie fourragère de la ferme familiale.

Virginie Philibert

Virginie Philibert, 20 ans, est étudiante en BPREA. Elle vise de remplacer son père dans le Gaec familial en 2024. L’exploitation produit du lait (Montbéliarde) et de la viande (Charolaise). « Lorsque je vais m’installer, je compte développer la vente directe et créer plus de débouchés locaux. Il faut rester positif ! Mais oui, il ne faut pas se mentir, le prix des investissements en élevage sont très, trop importants. À titre d’exemple, mon frère qui est dans le Gaec est boucher de formation, il pourrait créer un atelier de découpe sur la ferme, mais ça coute trop cher ».

Mathieu Sejourne

Mathieu Sejourne, 23 ans, voudrait s’installer avec un élevage en Lozère. Hors cadre familial, il a fait un BTS mécanique agricole et travaille actuellement au Service de Remplacement. S’il n’est pas pressé de s’installer tout de suite, il anticipe déjà une réalité. « Ce qui se passe lors d’une cessation d’activité, c’est qu’il y a les éleveurs à côté qui s’accaparent la ferme. Il n’y a pas vraiment d’opportunités pour nous les jeunes ». Mais Mathieu préfère rester confiant, « l’élevage aura toujours un avenir, car il faudra bien que les gens mangent ».

 

Lucie Terttenero

Lucie Terttenero, 20 ans, est étudiante en CS (certificats de spécialisation) en bovin viande à Magnac-Laval en Haute-Vienne. Elle aimerait s’installer dans cinq ans en race limousine. Son grand-père était éleveur. De la ferme familiale, il ne reste que 20 ha aujourd’hui. Pas de nature à décourager la jeune femme qui a plein d’idées pour réussir son projet. « C’est de plus en plus compliqué c’est certain, mais j’envisage de vendre en local et de produire mon alimentation pour justement ne pas être impacté par la hausse du coût des aliments. Mais oui, c’est compliqué, car les prix des engrais, des semences augmentent ». Si Lucie est réaliste sur le métier, elle ne se projette pas dans autre chose. « Il n’y a que ça qui m’intéresse. J’aime le contact avec les animaux, la nature. Être dehors. […] Il faut croire en ses rêves ».