Coronavirus : les marchés touchés de plein fouet
Elle était redoutée, la fermeture des marchés couverts et de plein vent annoncée par le Premier ministre lundi soir a eu l’effet d’une onde de choc. Une mesure qui s’applique à l’ensemble du territoire, sauf dérogations accordées par les préfets à la demande des maires.
Certaines villes n’ont pas attendu la décision gouvernementale pour fermer leurs marchés. Sur l’île-de-Noirmoutier, les maires des différentes communes ont pris la résolution, dès le jeudi 18 mars, soit cinq jours avant l’annonce officielle, de suspendre les marchés alimentaires jusqu’à nouvel ordre, du fait de leur incapacité à en réguler efficacement l'affluence.
Dans les grandes villes, les réactions à l’annonce du Premier ministre sont contrastées. Si certaines mairies, comme celle de Paris, ont d’ores et déjà fait savoir qu’elles ne demanderaient pas de dérogation spéciale, d’autres essaient tant bien que mal de « limiter les dégâts ». Dans la foulée des annonces gouvernementales, le maire toulousain LR Jean-Luc Moudenc a ainsi envoyé un courrier au préfet de Haute-Garonne lui demandant de lui accorder une dérogation pour l’ensemble des marchés de sa ville. Requête rejetée par le préfet, qui a cependant autorisé l’ouverture de trois marchés couverts sous conditions.
Vente directe à la ferme
Dans les petites communes, où le marché est souvent le seul moyen pour les habitants d’accéder à des produits frais, et pour les agriculteurs d’écouler leurs produits, des alternatives se mettent en place. À la fermeture du marché de Mulhouse, Chantal et Jean-Claude Meyer, implantés à Colmar, à une quarantaine de kilomètres de Mulhouse, n’ont eu d’autre choix que la vente directe à la ferme. « On espérait que les marchés, qui représentent la totalité de nos ventes, seraient épargnés », indique Chantal, qui s’est quand même rendue une dernière fois au marché de Mulhouse le lendemain de l’annonce du Premier ministre pour y découvrir une esplanade « presque vide ».
Chez les Meyer, la vente à la ferme est déjà bien ritualisée. Les clients passent commande via sms ou Facebook. Quand ils arrivent sur l'exploitation, les paniers sont déjà prêts. Les mesures barrières sont respectées, même si Chantal avoue travailler « dans un stress difficile à expliquer ». Impossible pour autant de lever le pied. « Notre chiffre d’affaires a déjà beaucoup diminué, on vend un peu, mais ça ne remplacera pas le marché. »
Elle craint par ailleurs la perte de certains produits, comme les épinards, le persil ou la coriandre, cultivés d’ordinaire pour les habitués du marché de Mulhouse.
« Notre clientèle actuelle consomme différemment de celle de Mulhouse, et certains produits vont être difficiles à écouler. »
Une décision incomprise
Comme beaucoup d’agriculteurs, Chantal « ne comprend pas la différence de traitement entre les grandes surfaces et les marchés ».
Dans son communiqué du 24 mars, l’Union des entreprises de proximité (U2P) dénonce un manque de cohérence dans la prise de décision et encourage les préfets à inviter les maires à « rouvrir au plus vite les marchés couverts et à travailler avec les professionnels [personnels des collectivités locales et/ou police de proximité] pour assurer le maintien des marchés de plein vent ».