Grandes cultures

Acheter la garantie d’un champ sain plutôt qu’un fongicide

Comme Michelin ne vend plus des pneus aux entreprises, mais l’assurance de toujours rouler, BASF s’apprête à proposer aux agriculteurs la garantie d’une parcelle indemne de maladies plutôt qu’une gamme de fongicides. Explication.

Application d'un fongicide sur du blé

Après avoir examiné pendant un an ce que pouvait être l’avenir de l’agriculture à l’horizon 2023, via le Groupe Prospective en grandes cultures qu’il anime, BASF s’est penché sur le principe de la vente d’un usage plutôt que d’un bien. C’est ce que Michelin propose depuis plusieurs années, aux entreprises, leur assurer de toujours rouler dans de bonnes conditions et d’être dépannés très rapidement en cas de soucis, plutôt que de leur vendre des pneus. « C’est ce qu’on appelle l’économie de la fonctionnalité, explique Jérôme Clair, responsable xarvio Digital Farming Solutions chez BASF, vendre une fonction plutôt qu’un bien ».   

La protection contre les maladies des céréales

Et l’ingénieur de BASF, de décliner cette proposition au travers d’un exemple, celui de la protection contre les maladies des céréales. « Nous avons testé cette formule avec la protection fongicide, sur 12 000 ha, répartis sur 280 exploitations, indique le responsable de BASF. Nous avons réussi à obtenir des cultures saines, avec 20 % de produits fongicides appliqués en moins. Nous vendons à l’agriculteur, une protection en €/ha et non plus des litres de fongicides en €/litre ». Concrètement, BASF et ses partenaires, coopératives et négociants notamment, proposent à l’agriculteur une protection dont le prix varie selon le risque maladies dans la région, et la variété retenue.

80 % de la surface foliaire verte

BASF garantit à l’agriculteur, plus de 80 % de surface foliaire verte et fixe un prix pour la protection de la parcelle, avant le début de la saison. Il s’appuie sur l’outil Xarvio pour chacune des parcelles contractualisées. Lorsqu’un traitement est nécessaire, il envoie un message à l’agriculteur avec le choix du produit, la date optimale d’intervention et la dose à appliquer, et lui expédie le produit. « L’enjeu pour nous, comme l’agriculteur, est le même : réduire au maximum l’utilisation des produits phytosanitaires », ajoute Jérôme Clair. Sur le plan économique comme vis-à-vis de l’environnement, chacun y trouve son compte, c’est un contrat gagnant-gagnant. Si en fin de saison, l’objectif de 80 % de surface foliaire verte n’est pas atteint, l’agriculteur reçoit un chèque pour lui indemniser la perte de rendement.

Quatre scenarii pour les grandes cultures

Le groupe Prospective a identifié quatre scénarii pour l’avenir des grandes cultures : 1, un effritement du modèle traditionnel ; 2, une mobilisation générale en faveur de l’agroécologie ; 3, une priorité à l’environnement et une déprise des grandes cultures ; 4, une agriculture 4.0 soit un recours systématique aux technologies les plus fines.

De 10 à 25 % des agriculteurs intéressés

Dans chacun de ces scenarii, les agriculteurs peuvent s’approprier cette proposition nouvelle d’acheter la garantie d’une performance plutôt que des litres de produits de traitement. « Selon les estimations du Groupe Prospective, de 10 à 25 % des agriculteurs pourraient être accompagnés par une offre de ce type en 2030 », avance Jean-Jacques Pons, directeur de BASF Division Agro.