Accord UE-Mercosur : rejet massif à l’Assemblée nationale
Le 26 novembre, l’Assemblée nationale a exprimé un net rejet de l’accord de libre-échange entre l’Union européenne (UE) et le Mercosur, par un vote sans appel de 484 voix contre sur les 577 députés que compte l’hémicycle.
En discussion depuis 1999, le traité du Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay et la Bolivie) continue d’être source de vives controverses. Malgré sa signature, le 29 juin 2019, plusieurs États membres de l’UE, dont la France, s’opposent à son application en l’état. Lors des débats à l’Assemblée nationale, la ministre de l’Agriculture Annie Genevard a réaffirmé l’opposition du gouvernement, rappelant qu’elle n’est « pas dogmatique, mais pragmatique ».
La France réclame des clauses miroirs pour garantir que les produits agricoles importés respectent les normes européennes en matière environnementale, sociale et sanitaire, ainsi que la mise en œuvre de mécanismes de contrôle pour éviter toute concurrence déloyale. La ministre du Commerce extérieur, Sophie Primas, a souligné que la France adopte une posture de « fermeté, mais pas de fermeture », laissant entendre une possible évolution si les conditions exigées par la France étaient appliquées.
Mobilisation déterminante du monde agricole
Ce rejet parlementaire n’aurait sans doute pas été aussi tranché sans la mobilisation des agriculteurs. Le syndicat Jeunes Agriculteurs, très actif sur le dossier, salue le résultat du vote, tout en appelant à maintenir la pression au niveau européen.
« JA salue le vote de la grande majorité des parlementaires contre l'accord du Mercosur. Cela, grâce à la forte mobilisation de notre réseau pour dénoncer une concurrence déloyale ainsi qu'un modèle agricole dans ces pays d'Amérique du Sud qui ne reflète en rien nos modes de productions françaises. Maintenant le combat continue, car nous devons espérer rassembler les autres pays européens autour de notre position pour mettre en lumière le danger collectif de cet accord, notamment sur la sécurité sanitaire de notre alimentation, mais aussi sur la préservation de notre environnement. Certains pays sud-américains souhaitent remettre en cause les accords de Paris, ce qui est normalement une condition indiscutable dans tous les échanges avec l’UE. »
Jordy Bouancheau, référent élevage et membre du conseil d’administration à JA national.
Ce dernier n’a pas manqué de réaffirmer l'engagement de son syndicat en faveur de la souveraineté alimentaire : « Nous continuons de croire en l’avenir de notre agriculture française, même si certaines productions ou filières peinent parfois à répondre en volume à la demande. »
La France se cherche des alliés
La réunion des chefs d’État du G20 les 18 et 19 novembre derniers à Rio de Janeiro semblait être une opportunité pour finaliser l’accord. Cependant, les divergences persistantes, notamment sur le respect des accords de Paris et les clauses miroirs, ont empêché sa ratification. Actuellement, la France n’est plus seule à afficher son rejet de l’accord UE-Mercosur. Après l’Autriche et les Pays-Bas, la Pologne s’est également positionnée contre, arguant des préoccupations similaires en matière agricole et environnementale.