Viticulture : la filière demande un sursis à L’Europe
Malgré la suspension des taxes américaines annoncée le 5 mars dernier pour une durée de quatre mois, les représentants viticoles demandent à la Commission européenne de nouveaux fonds pour soutenir la filière, notamment pour le stockage et la distillation.
« Après l’année 2020 qu’on a connue, ça ne peut pas être pire ! ». Quand on lui demande de regarder l’avenir, Josselin Ragot, viticulteur et élu JA National, relativise tant bien que mal. Dans le contexte actuel de fermeture des bars et restaurants liée au Covid-19, le réchauffement des relations diplomatiques entre l’Union européenne et les États-Unis est forcément vu d’un bon œil. « Ce n’était pas à nous de trinquer donc c’est forcément une bonne chose, commente le viticulteur à propos de la durée de la suspension des taxes, fixée à quatre mois. Après, il faut que ça dure ».
Cette trêve « va apporter un soulagement (...) aux exportateurs qui, depuis 18 mois, subissent ces taxes injustes issues d'un conflit qui leur est étranger », a réagi la Fédération française des Exportateurs de Vins et Spiritueux de France (Fevs) dans un communiqué.
Si dans un premier temps Stéphane Héraud, président de l’AGPV, l’Association générale de la production viticole, a appelé « nos ministres à négocier au plus vite une sortie définitive de cette situation de crise », l’association a également demandé à la Commission européenne le 11 mars dernier, « la mise en place d'un fond de compensation pour le préjudice causé à la filière par les taxes américaines dans le cadre du conflit Airbus-Boeing ».
Le stockage et la distillation à nouveau de mise en 2021
Pour rappel, la taxe de 25 % imposée en octobre 2019 par les États-Unis, premier marché pour les vins français, a coûté environ 500 millions d’euros à la filière en 2020. « Il y a eu une baisse des ventes bien sûr, détaille Josselin Ragot, mais on a surtout été obligé, encore une fois, de renier nos marges ».
D’abord appliquée aux vins tranquilles (non effervescents) de moins de 14 degrés en bouteilles de moins de deux litres, la taxe a été étendue en janvier 2021 aux vins en vrac, vins de plus de 14 degrés et spiritueux à base de vin comme le cognac et l’armagnac, juste avant le départ du président Donald Trump de la Maison Blanche.
Par ailleurs, l’association demande à l’UE de renforcer les programmes d’aide de chaque État membre face « aux graves dommages à long terme » causés à la filière par la crise du Covid-19. En ligne de mire, de nouvelles aides au stockage et à la distillation, déjà accordées en 2020, mais financées au niveau national.
Pour Josselin Ragot, ces aides doivent permettre « de relancer la machine, en espérant que ça rouvre cette année. Mais toutes les appellations doivent jouer le jeu », rappelle le viticulteur. Selon lui, certaines appellations parmi les plus prestigieuses préfèrent le stockage plutôt que la distillation. Si distiller n’est jamais une décision prise de gaieté de cœur, elle permet pourtant d’écouler les volumes excédants et de maintenir le niveau des prix.