Un manifeste pour éveiller les consciences sur les ruralités
Mardi 7 décembre, le Manifeste pour des ruralités vivantes a été signé à la FNSEA par 36 organisations représentatives de 16 secteurs d’activité, dont l’agriculture, l’agroalimentaire, l’artisanat, la recherche, l’économie sociale et solidaire ou encore les sports et loisirs. Le syndicat Jeunes Agriculteurs fait notamment partie des cosignataires.
Alors que l’élection présidentielle approche à grands pas, que les candidats sont (presque) tous déclarés, le Manifeste pour des ruralités vivantes vise à « remettre un coup de projecteur sur l’activité économique et le bien vivre ensemble dans les ruralités », a estimé Henri Biès-Péré, vice-président de la FNSEA, lors de la conférence de presse qui a suivi la signature du manifeste. L’appréhension de tous les cosignataires : que les ruralités soient les grandes oubliées de ces élections. C’est pourquoi, des organisations aussi différentes que les Domaines skiables de France, la Confédération des buralistes ou encore l’Association des petites villes de France, aux revendications à première vue très éloignées, ont uni leurs forces pour faire parler les ruralités d’une seule et même voix.
Finalement, les uns et les autres se retrouvent souvent confrontés à des problématiques similaires. « Tout le monde veut du saucisson de proximité, mais personne ne veut du cochon de proximité », illustrait Christiane Lambert, présidente de la FNSEA. « De même, on aime avoir du bois pour se chauffer l’hiver, mais on n’aime pas abattre un arbre », a rebondi Antoine d’Amécourt, président de la Fédération des Syndicats de forestiers privés de France, Fransylva.
La difficulté des entrepreneurs ruraux à trouver de la main-d’œuvre est aussi un constat partagé par la plupart des cosignataires. Un paradoxe, alors que la ruralité semble attirer de plus en plus d’urbains. Selon une étude Cadremploi publiée en août 2020, plus de 8 cadres parisiens sur 10 envisagent une mobilité régionale. Christiane Lambert s’en réjouit : « Pour nous, les agris, les nouveaux arrivants sont à la fois de nouveaux voisins, de nouveaux riverains, mais aussi de potentiels clients ou salariés ». La question de l’emploi reste cependant un frein à la mobilité, 35 % des cadres jugeant qu’il y a davantage d’opportunités professionnelles dans la capitale.
Un manifeste, 10 propositions
Aussi, parmi les 10 « propositions d’urgence » de ce manifeste, plus de la moitié se focalisent sur l’accompagnement de la vitalité économique avec, notamment, le développement de mesures pour faciliter l’installation et la transmission d’entreprises en milieu rural, pour renforcer le tissu industriel, agricole, commercial et artisanal, ou encore la consolidation des groupements d’employeurs. L’emploi des jeunes a aussi été mis en avant par plusieurs organisations, dont l’Union des employeurs de l’économie sociale et solidaire (Udes). « Il y a une forte aspiration de la jeunesse à avoir le choix de sa vie de demain, il faut être en capacité d’offrir à ces jeunes la possibilité de construire leurs projets dans les zones rurales », a souligné la représentante de l’Udes. « La relève démographique est un vrai enjeu pour tout le secteur de la ruralité », a estimé de son côté Samuel Vandaele, président des Jeunes Agriculteurs.
Si la ruralité est de plus en plus attractive, c’est aussi qu’elle porte des valeurs de proximité et de convivialité qui font défaut dans les grandes villes. Aussi, l’Association des petites villes de France a appelé de ses vœux la création de tiers lieux – « espaces d’insertion, d’échanges, voire de services » – dans chaque intercommunalité, mais aussi la revitalisation des centres-bourgs, déjà amorcée grâce au programme Petites villes de demain lancé le 1er octobre 2020 et qui bénéficie de 3 milliards d’euros.
Enfin, les ruralités ont aussi un rôle à jouer dans le développement durable, ont assuré les cosignataires. « À l’image de la vision de “ville durable”, il est indispensable de construire des “campagnes durables” », peut-on lire dans le manifeste.
Les cosignataires se sont engagés à porter ce manifeste tout au long de la campagne électorale. Les différentes manifestations qui auront lieu au premier trimestre 2022, comme le Salon international de l’agriculture, seront l’occasion d’interpeler les candidats à la présidentielle sur le sujet. « Bien entendu, chacune de nos organisations aura des revendications propres, mais nous voulions d’abord avoir une approche collective et non corporatiste », a conclu Henri Biès-Péré.