Économie

Le partage équitable de la valeur, une lubie ?

Pas simple de mettre d’accord producteur, industriel et distributeur sur comment répartir justement la valeur. Pas une nouveauté ! Pour autant, tous reconnaissent qu’Egalim a permis des avancées.  

Le partage équitable de la valeur, une lubie ?

« Grâce à Egalim, on a quand même des effets positifs aujourd’hui. Tout n’est pas encore parfait, mais l’accès à la contractualisation et la prise en compte des coûts de production ont permis de sécuriser de nombreux jeunes au sein des filières », souligne Pol Devillers, membre du bureau de Jeunes Agriculteurs à l’occasion d’une table ronde organisée au salon de l’agriculture, lundi 23 février.

« Egalim a permis de prendre en compte l’inflation galopante de 2022-2023. Ce qui a stabilisé une filière agricole qui aurait été sinon à l’agonie […] L’écueil en revanche pour nous les fabricants, c’est qu’Egalim n’a parlé que de la prise en compte des prix des matières premières », analyse Vincent Bages, directeur des laiteries Triballat-Rians. Quid des coûts de la main-d’œuvre, de l’énergie, des emballages qui n’ont pas été intégrés d’après lui.

« Si Egalim avait tout arrangé, on n’aurait sûrement pas eu les colères agricoles de ces derniers mois », réagit Luc Vergez-Pascal, responsable des affaires publiques chez Lidl, qui insiste sur l’importance de la transparence et de la simplification. « On doit simplifier pour fluidifier les négociations », explique-t-il.

Le « consentement à payer »

« Sans Egalim, ça aurait été une catastrophe ces trois dernières années […] La vraie question, que l’on devrait davantage se poser, est comment on travaille le consentement à payer », déclare Olivier Dauvers, spécialiste du marché de l’alimentation. Dans un ménage en effet, la concurrence avec les autres postes de dépense fait rage. « Le coût du logement est celui qui connaît une hausse très forte. A contrario des postes liés à l’habillement et à l’alimentaire en baisse », indique Alexis Izard, ancien député et actuellement délégué ministériel à la protection des consommateurs. Pour améliorer « le consentement à payer », Olivier Dauvers suggère de travailler sur la spécialisation et les labels pour se démarquer et ainsi déclencher l’engagement du consommateur.

Vers un Egalim 4 ?

Pour compenser les trous dans la raquette, la rumeur d’un Egalim 4 se fait de plus en plus bruyante. « Il faut faire rentrer d’autres filières dans Egalim et utiliser déjà les outils présents dans Egalim 2 », opine pour sa part Stéphane Travert, ancien ministre de l’Agriculture invité à résumer les échanges de la table ronde. « Faisons aussi appliquer les autres mesures de la loi qui ne sont à ce jour toujours pas respectées, telles que celles relatives à la restauration collective (50 % de durable, 20 % de bio....) », glisse Pol Devillers.

« C’est difficile de créer de la valeur dans une période où la médiatisation est portée sur l’inflation et le pouvoir d’achat. Le bas prix à tout prix. » rappelle Vincent Bages.