Le congrès JA entérine la refonte de l’âge limite d’éligibilité
Organisée dans des conditions exceptionnelles le mercredi 2 juin, à distance, la 55e édition du congrès de Jeunes Agriculteurs a été marquée par le vote du rapport moral 2021, augurant un tournant vers le rehaussement du seuil des 35 ans.
« Le succès est toujours l’enfant de l’audace. Je vous souhaite d’être audacieux ». Ce furent les mots utilisés par le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie pour terminer son discours de clôture de ce 55e congrès national de Jeunes Agriculteurs. Et de l’audace, le rapport moral soumis au vote du réseau n’en manquait pas, avec comme proposition phare le rehaussement de l’âge d’éligibilité des élus à 40 ans. Ce dernier, fixé à 35 ans et inchangé depuis la création des statuts du syndicat en 1955, fut le fruit de débats intenses et constructifs tout au long de l’après-midi.
Parmi les principales motivations avancées pour reculer cet âge limite, la volonté de s’aligner sur les autres syndicats jeunes européens ainsi que sur la DJA. Outre l’augmentation régulière de l’âge moyen des primo-installés, situé à 33 ans, Arnaud Gaillot, secrétaire général JA avançait aussi le souhait de « favoriser la participation des femmes » n’ayant pas pu concilier vie de famille et engagement syndical.
Un virage historique amorcé
« Le réseau a acté le besoin d’un changement de l’âge en adoptant le rapport moral, cela ne s’est pas suivi d’une modification des statuts mais un cap a été donné », annonçait le président de JA Samuel Vandaele à l’issue de cette journée marathon. Malgré une contre-proposition fixée à 38 ans ayant recueilli 61 % des suffrages, il a manqué cinq petits points pour que la majorité des deux tiers soit atteinte et avec elle la modification des statuts. Pour le secrétaire général Arnaud Gaillot, le résultat des votes reflète la volonté majoritaire « d’une refonte de l’âge limite qui marque un jour "nouveau", le lancement de quelque chose. Reste à déterminer pour le réseau quel est le meilleur âge ». Une décision ô combien forte et historique pour les JA, amenés à voter dans un contexte exceptionnel, à distance, par vote électronique anonyme. Une première. Malgré la réussite de l’événement, élus et adhérents ont tous fait part de leur regret de ne pas avoir pu se retrouver en physique comme à l’accoutumée, un sentiment partagé par Samuel Vandaele, « JA, c’est avant tout la convivialité. Le choix de la visioconférence a été un choix difficile, mais le chat mis en place pour l’occasion nous a quand même permis d’échanger avec le réseau ».
Une intervention de Julien Denormandie pour clôturer la journée
Les différentes sessions de vote, étalées entre le matin et l’après-midi, sont venues rythmer cette journée d’instance. Hormis la question de l'âge, le réseau était également invité à se prononcer sur une autre résolution : l'obligation pour un élu JA de démissionner de son poste dès lors qu'il est déclaré à d’autres élections. Cette proposition a été adoptée.
Venu clôturer cette journée riche en débats et rebondissements, le ministre de l’Agriculture a fait l’honneur de sa présence, en physique, sur le plateau. Son discours s’est articulé autour de deux piliers ; l’investissement : dans la formation agricole, la communication, le renforcement du budget RGA dans la Pac ou encore la définition de l’agriculteur véritable. Et le second sur la protection contre les risques multiples : abordant en particulier les volets des EGA, du foncier et de l’artificialisation des terres. À ce sujet, le président des JA n’a pas manqué de partager « la grande déception du réseau JA de ne pas avoir de grande loi foncière, comme cela avait été annoncé par le président de la République ». Un regret partagé par le ministre Julien Denormandie, qui a réaffirmé le « besoin dans les années à venir d’une grande loi foncière pour assurer notre souveraineté alimentaire ».