Le BioGNV tisse son réseau de stations
Le Gaz naturel véhicule (GNV) issu des unités de méthanisation peut alimenter des tracteurs, des bus et des camions. Sous l’enseigne Karrgreen, l’entreprise bretonne Liger Bioconcept projette d’ouvrir 150 stations d’ici à 2023.
De la chaleur, de l’électricité issue de la cogénération, du gaz injecté dans le réseau, du soufre aux propriétés fongicides, des digestats en guise de fertilisants et désormais du carburant pour alimenter les véhicules : la liste des débouchés offerts par la méthanisation s’allonge, pour le bien de ses promoteurs, dont les agriculteurs, et de l’environnement, le biogaz étant renouvelable et moins émetteur de gaz à effet de serre et de particules.
Le Gaz naturel véhicule (GNV) est un carburant alternatif qui, comparativement au gazole (norme Euro 6), réduit de 20 % les émissions de CO2, de 95 % celles de particules et de 70 % celles des NOx (oxydes d’azote). Le BioGNV (ou biométhane carburant) est la version renouvelable du GNV. Il est produit notamment à partir des déchets organiques rejetés par l'industrie agroalimentaire. Contenant 99 % de méthane, le BioGNV est issu de l’épuration du biogaz, lequel contient entre 50 % et 60 % de méthane ainsi que du dioxyde de carbone, de l’eau et du sulfure d’hydrogène. La même opération prévaut pour pouvoir injecter le biogaz dans le réseau et alimenter les chaudières domestiques, les plaques de cuisson ou encore les fours.
Gaz naturel compressé ou liquéfié
À la pompe, le GNV comme le BioGNV peuvent être distribués sous deux formes, à savoir le GNC (gaz naturel comprimé) ou le GNL (gaz naturel liquéfié). Plus condensé et offrant à ce titre plus d’autonomie, le GNL est réservé aux poids lourds et au domaine maritime. Il est aussi plus contraignant, car son avitaillement exige de se munir de gants spécifiques, d’un casque avec visière et de porter des vêtements couvrants, du fait de sa température (-163°C). Il ne faut pas confondre le GNL avec le GPL (gaz de pétrole liquéfié), produit à partir de propane et de butane. À l’inverse du méthane (GNC ou GNL), le GPL est un gaz lourd, qui reste au sol en cas de fuite, d’où son interdiction dans les parkings souterrains et dans certains tunnels.
Du gaz, des véhicules adaptés et des stations
Avec la neutralité carbone en ligne de mire (2050), la ressource en biogaz, et donc en GNV, ne cesse de se développer. Deux conditions sont cependant nécessaires au déploiement du biométhane carburant : l’offre de véhicules adaptés d’une part et le maillage d’un réseau de stations d’avitaillement d’autre part. S’agissant des véhicules, les constructeurs sont sur les rangs, toutes catégories confondues (particuliers, utilitaires, bus, camions). Selon la Natural & bio Gas Vehicle Association (NGVA), près de 88 000 véhicules neufs roulant au GNV ont été immatriculés en 2019 en Europe, dont 80 % de véhicules particuliers. Parmi les constructeurs en pointe figurent les groupes Fiat (Fiat, Iveco, Case, New Holland), Volkswagen, Volvo, Mercedes, Scania... Du côté des stations GNV, NGVA, on en recense plus de 4 000 en Europe, à 93 % orientées sur la distribution de GNC. En France, fin 2019, on recensait 100 stations GNC et 35 GNL.
150 stations en 3 ans
Pour accompagner le développement du BioGNV, Liger Bioconcept, une entreprise bretonne spécialisée dans la production et la valorisation des énergies renouvelables, projette d’ouvrir 150 stations GNV d’ici à 2023, sous la marque Karrgreen, en partenariat avec des producteurs de biométhane et des acteurs des territoires tels que des sociétés de transport, des coopératives agricoles ou des chambres de commerce. L’entreprise, qui a mis en service sa première station à Locminé (Morbihan), vient par exemple de conclure un accord avec Terrasolis, le pôle d’innovation du Grand Est, pour créer un Centre d’excellence dans les énergies renouvelables (CEER). Un modèle que Liger BioConcept escompte reproduire sur 16 autres sites.
Les stations Karrgreen sont conçues en collaboration avec la société française Prodeval, spécialisée dans le développement du biogaz et du bioGNV, et de E-Pango, une société gestionnaire de l'approvisionnement en énergies. Ces futures stations hébergeront également des stations de recharge pour véhicules électriques, à partir d’électricité verte.
Selon l’association NGVA, le recours au GNV induit une économie financière de 35 % par rapport au gazole et de 52 % par rapport à l’essence. À noter que les véhicules fonctionnant au gaz sont également deux fois moins bruyants que ceux fonctionnant au gazole ou à l’essence.