La bio monte au créneau, le gouvernement se défend
Parvenir à un plan stratégique national qui mette tout le monde d'accord ne sera pas chose aisée. Pour l’heure, les agriculteurs bio se sentent lésés.
Mercredi 2 juin, les agriculteurs bio ont manifesté leur mécontentement face aux derniers arbitrages de la Pac qui, selon eux, les desserviraient. Pour la fédération nationale d’agriculture biologique (Fnab), l’agriculture bio perdrait avec cette future Pac 66 % d’aides environnementales, soit une perte moyenne d’environ 132 euros par hectare et par an. Des chiffres que dément fermement le gouvernement, qui a organisé en urgence un point presse mardi 1er juin, la veille de la manifestation.
Une priorité : augmenter la conversion en agriculture biologique
Arrêter les aides au maintien à partir de 2023 ? La pilule ne passe pas, pour la Fnab. C’est pourtant un choix assumé par le ministre de l’Agriculture qui souhaite privilégier le soutien à la conversion. Par ailleurs, « la décision d’arrêter les aides au maintien remonte déjà à quelques années », justifie le cabinet de Julien Denormandie. Sachant qu’à l’heure actuelle elles n’existent pas dans toutes les régions, « on peut aussi se poser la question des disparités territoriales », poursuit-il.
Jérémy Diais, membre du conseil d’administration chez JA nat', fait le même constat : « Aujourd’hui il y a énormément d’hétérogénéité entre les régions concernant l’aide au maintien ». L’élu JA rappelle toutefois que pour compenser l’arrêt des aides au maintien, les agriculteurs bio bénéficient d’un crédit d’impôt de 3 500 € cumulable avec les autres aides bio (aides à la conversion et aides au maintien quand elles existent) dans une limite de 4 000 € au total.
Les aides du second pilier de la Pac
Pour faire rempart aux critiques, le gouvernement brandit les chiffres. Actuellement, La somme des aides à la conversion et des aides au maintien du second pilier de la Pac équivaut à 250 millions d’euros, indique-t-il. Malgré l’arrêt des aides au maintien, « sur la période 2023-2027, l’enveloppe du second pilier dédiée à l’agriculture biologique atteindrait 340 millions d’euros, insiste le cabinet, soit 30 % de budget supplémentaire ». Le gouvernement envisage également de revoir à la hausse le montant des aides à la conversion en grandes cultures, afin de rendre le dispositif plus attractif.
Les aides du premier pilier de la Pac
Les exploitations en agriculture biologique seront automatiquement éligibles au niveau de paiement supérieur de l’écorégime, sans aucune autre condition, affirme le cabinet de Julien Denormandie. Cependant, les paiements à l’hectare de cet écorégime restent encore à définir. Certes, ils seront moins importants que ceux du paiement vert, admet le gouvernement qui assure toutefois que « les droits à paiement de base seront augmentés pour compenser cette perte ». Il affirme par ailleurs que les exigences de l’écorégime sont bien supérieures à celles du paiement vert, lesquelles seront dorénavant « intégrées dans le socle de conditionnalité ». Au final, « le montant paiement de base plus écorégime sera le même voire supérieur au montant paiement de base plus paiement vert actuellement en vigueur », tient à rassurer le gouvernement.
Des discussions en cours
Pour calmer le jeu, la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili a reçu la Fnab à l’issue de la manifestation. Elle affirme dans un tweet avoir eu de « riches échanges » avec le syndicat. Un autre rendez-vous devrait être convenu prochainement avec le ministre de l’Agriculture.
Le syndicat Jeunes Agriculteurs considère quant à lui que la Pac va plutôt dans le bon sens pour la bio. Pour JA, l’ambition du gouvernement d’atteindre un minimum de 18 % de la SAU en bio en 2027 paraît réaliste, au contraire des 25 % préconisés par la Commission européenne. « Le problème des 25 %, c’est que la demande ne sera pas à la hauteur : le marché bio serait destructuré, et le marché conventionnel partirait lui aussi à la baisse, parce qu’il faudra toujours une différence de prix entre le bio et le conventionnel », indique Jérémy Diais. « L’objectif de 18 % correspond mieux à la dynamique de conversion que nous avons sur le territoire » ajoute-t-il.