Filières

Un vent d’optimisme souffle sur la filière laitière française

Portée par une hausse de la production, des prix, des exportations et de la consommation, la filière laitière française surfe sur une conjoncture favorable. Une réalité marquée toutefois par des disparités.

Un vent d’optimisme souffle sur la filière laitière française

+1 %, c’est le rebond de la collecte française de lait enregistré en 2024 après un recul de trois ans. Toutes les régions ne sont néanmoins pas logées à la même enseigne. « On observe une dichotomie entre le nord et le sud. Celles du nord sont en positif, et celles du sud plutôt en négatif à l’image de la Nouvelle-Aquitaine, de l’Occitanie et de Paca. Ces dernières accusent une baisse structurelle », indique Jean-Marc Chaumet, directeur économie du Cniel lors d’une conférence de presse tenue par l’interprofession, mardi 18 février.

Cette appréciation de la production, qui taquine le seuil des 23 milliards de litres de lait, est venue abonder les exportations. +2,5 % en valeur et + 9 % en volume, soit un solde de 3,2 milliards d’euros en 2024 (contre 2,9 Mrds€ en 2023).

À l’échelle de l’Union européenne, la production s’est appréciée de +0,3 %. Là encore, le chiffre masque des écarts. « On distingue une dichotomie nord-sud. L’Allemagne, le Danemark et les Pays-Bas connaissent un recul de leur production du fait de problèmes sanitaires type FCO3. Pareil en Irlande, mais cette fois à cause de problèmes environnementaux. A contrario, la production est en hausse en France et en Italie », développe Jean-Marc Chaumet.

Pascal Le Brun, président du Cniel lors de la conférence de presse, mardi 18 février.

Prix du lait en hausse

Le prix du lait français, toutes qualités confondues, atteint les 479€ en décembre 2024, soit +28€ par rapport à décembre 2023 et +129€ versus 2020. Cette reprise de la production et ces prix en hausse concourent à répondre à l’un des objectifs premiers de l’interprofession. « L’enjeu de souveraineté alimentaire demeure stratégique en ces temps difficiles », observe Jean-Marc Chaumet. « Mon ambition est claire : préserver l’intégralité de notre production laitière nationale. Cela exige des mesures fortes : un soutien renforcé à nos producteurs, des prix rémunérateurs pour chaque acteur de la filière, une simplification des normes, et la défense de notre savoir-faire sur les marchés nationaux et internationaux », renchérit Pascal Le Brun, président du Cniel.

 

« Le pic des départs à la retraite pourrait être derrière nous »

Interrogé sur la dynamique des installations laitières, Pascal Le Brun explique qu’« environ 4 % de la part de collecte se perd chaque année » dans ce secteur qui compte près de 44 000 producteurs. Mais d’après lui, « le pic des départs à la retraite pourrait être derrière nous ».

« 2,1 personnes travaillent dans une exploitation laitière. L’enjeu n’est pas seulement le nombre d’exploitations, mais aussi le nombre de personnes qui travaillent dans l’ensemble de ces exploitations », fait remarquer Benoît Royer, directeur économie et territoires du Cniel.

Benoît Rouyer, directeur économie et territoires du Cniel.

Le baromètre social des éleveurs

Chaque année, le Cniel sonde près de 900 éleveurs sur les conditions d’exercice de leur métier en les interrogeant sur 15 critères tels que l’attachement au métier, la charge de travail, la pénibilité, la rentabilité de l’activité, le revenu acceptable, l’optimisme, etc. En 2024, la note s’élève à 55,50 soit supérieure de plus d’un point à 2019, 2020, 2021, 2022 (à l’exception de 2023 dont la note est 56,90). Les critères en hausse depuis 2019 sont : l’attachement au métier, la rentabilité, le revenu acceptable, l’optimisme, le parrainage d’un proche. Avec 60 % des éleveurs qui estiment que leur laiterie leur offre des perspectives d’avenir.

Cette note de baromètre varie en fonction des zones géographiques et des profils. « À l’est, la note est supérieure à la moyenne nationale. Dans le nord et le quart sud-ouest, la note est plus faible que la moyenne nationale. Aussi, les éleveurs sous cahiers des charges (AOP, AOC) ont des notes supérieures. De même que les éleveurs qui ne sont pas issus du milieu agricole », détaille Benoît Rouyer.