Thibault Huyghe, un producteur d’endives plein d’énergie !
L’exploitation de Thibault Huyghe se situe à Hondeghem dans le département du Nord. Alors que la tension sur les prix de l’énergie continue de grimper, ce jeune endivier arrive pour le moment à tirer son épingle du jeu.
C’est dans les Flandres françaises, à mi-chemin entre Lille et Dunkerque que Thibault Huyghe, 26 ans, s’est installé en juillet dernier. Avec son associé et ses 14 employés, il cultive 20 ha de pommes de terre, 20 ha de blé, 15 ha d’endives, 5 ha de maïs grain et 7 000 m2 de fraises (sous serre et en hydroponie). Concernant sa production d’endives, elle ne se résume pas seulement à celle présente sur ses terres. « Souvent, on loue une dizaine d’hectares supplémentaires pour produire des endives en plus. On achète aussi des racines. Au total, on pratique le forçage sur environ 35 à 40 hectares », explique Thibault. Son exploitation s’articule autour de deux structures : une entreprise individuelle dédiée à la production des cultures, et une Sarl sur le volet endives et commercialisation des produits.
Une commercialisation diversifiée
Thibault pratique la vente directe pour une partie de sa production de fraises et d’endives. « Environ un quart de mes fraises et un peu de mes endives sont vendues à la ferme », déclare Thibault. Le reste est vendu à la coopérative du Marché de Phalempin. Ses pommes de terre, son maïs grain et son blé sont vendus à des entreprises agroalimentaires et des coopératives agricoles.
La culture de l’endive, mode d’emploi
La culture de l’endive se déroule en deux étapes bien distinctes. « On sème les graines au mois de mai. Celles-ci vont pousser jusqu’à produire des racines d’endives, qu’on récolte lorsqu’elles mesurent 20 centimètres. C’est juste au-dessus de la racine qu’il y a le bourgeon qui va donner l’endive », précise Thibault.
La récolte démarre en novembre et dure en général de trois semaines à un mois. Après avoir été arrachées, les racines vont être calibrées et « déterrées », c’est-à-dire nettoyées de toute trace de terre. Une fois cette étape terminée, elles sont placées dans des boîtes en bois appelées « palox » qui sont entreposées dans un hangar l’espace de quelques jours, le temps que de la place se libère dans les chambres froides. Ces palox sont ensuite transférés dans les chambres froides pour une durée allant de 15 jours pour les endives destinées à être « forcées » tôt, à un an pour celles qui le seront plus tard.
La seconde partie consiste à « forcer » les racines, c’est-à-dire à les sortir des chambres froides et à les placer dans des structures hydroponiques à l’abri de la lumière. Au bout de 21 jours, elles sont sorties de ces bacs et les racines sont séparées des endives. « On les “casse” en les mettant dans une roue qui permet de détacher l’endive de la racine. Les endives vont ensuite sur un tapis où elles sont épluchées avant d’être conditionnées », indique Thibault.
Des chambres froides hautement consommatrices en énergie
« Actuellement, on entend des tarifs pouvant monter jusqu’à 500 voire 1000 euros le mégawatt. C’est surréaliste ! »
Les chambres froides sont indispensables à la conservation des endives avant leur forçage. Elles fonctionnent en continu toute l’année. « On a des racines précoces, moyennes et tardives. Les plus précoces sont conservées pendant 15 jours en chambre froide avant d’être forcées. Les racines tardives sont stockées dans les frigos depuis l’an dernier, on les sort petit à petit. Les racines précoces sont conservées à des températures entre 0 et 1 °C, tandis que les autres sont conservées à -2 °C. Cela nous permet de produire des endives toute l’année. Les chambres froides ne s’arrêtent donc jamais », souligne le jeune endivier.
L’utilisation des réfrigérateurs est très énergivore. Dans le contexte actuel d’augmentation des coûts de l’énergie, les producteurs d’endives voient leurs frais exploser. « Actuellement, on entend des tarifs pouvant monter jusqu’à 500 voire 1000 euros le mégawatt. C’est surréaliste ! », remarque Thibault.
La découverte d’un bon filon
Pour autant, malgré cette réalité tendue, l’exploitation de Thibault est pour le moment plutôt préservée.
La raison ? Grâce à son réseau et ses contacts obtenus via sa coopérative, il a pu bénéficier d’une réduction de coût. « Ce qui s’est passé pour moi et certains producteurs de la coopérative, c’est qu’on connaissait quelqu’un très au fait des tarifs d’électricité. En 2020, cette personne nous a informés qu’on pouvait signer des contrats moins chers que ce que l’on payait à l’époque. Il s’agissait, dans ce cas précis, d’un contrat qui commençait à partir du 1er janvier 2021 jusqu’à fin décembre 2023. On a été beaucoup d’endiviers de Phalempin à le signer », raconte Thibault.
Aujourd’hui, ce contrat est son salut. « On a eu de la chance. À l’époque, on ne savait pas que ça nous ferait autant économiser », admet Thibault. Une anticipation quelque peu inespérée qui lui permet aujourd’hui d’éviter une situation très critique.
Retrouvez l'intégralité du reportage dans le JA mag JANV-FEV-MARS 2023 (n°784).