SIAL 2024 : des consommateurs prêts à soutenir une agriculture durable ?
À l’occasion du SIAL 2024, le JA mag est allé interroger les visiteurs sur leur rapport à l’alimentation. Alors que l’agriculture française fait face à de nombreux défis, les consommateurs sont-ils réellement prêts à payer le juste prix pour soutenir les agriculteurs ?
Le SIAL, grand rendez-vous international de l’alimentation, qui a fermé ses portes mercredi 23 octobre au Parc des Expositions de Paris Nord Villepinte, a une fois de plus rassemblé exposants et visiteurs du monde entier. Dans les vastes halls, un véritable brassage linguistique s’est fait entendre, avec l’anglais, l’espagnol et l’italien dominant les conversations. Ce salon international, vitrine des tendances alimentaires de demain, a permis de débattre d’innovations technologiques, de nouveaux modèles de consommation et d’enjeux globaux. Pourtant, une question a souvent traversé les discussions : comment concilier le soutien aux agriculteurs locaux avec les attentes des consommateurs modernes ? Trois jeunes visiteurs nous ont partagé leurs réflexions sur cette problématique cruciale.
Consommation responsable et circuits courts
Jean-Baptiste Bondueaux, 22 ans, venu du nord de la France avec ses camarades de classe, se dit très attentif à l’origine des produits. Il privilégie les circuits courts, notamment pour les fruits et légumes, qu'il préfère acheter directement aux producteurs. « J’essaie d’avoir une alimentation plus responsable en me tournant vers les maraîchers locaux plutôt que vers la grande distribution », explique-t-il. Comme lui, de plus en plus de consommateurs cherchent à privilégier les circuits courts, pour la qualité des produits et le lien direct avec les producteurs.
Maram Dhahak, 22 ans également, venue de la région parisienne, partage cette approche. « Je fais très attention à la qualité, d’où viennent les produits, s’ils sont bio et locaux ou, au moins, européens », souligne-t-elle. Pour elle, consommer local est essentiel, surtout pour les fruits, qu’elle accepte de payer plus cher. « Pour certains produits, je préfère acheter dans les grandes surfaces, mais pour les fruits français de qualité, je suis prête à débourser plus », confie-t-elle.
Prêts à payer le juste prix ?
La question du prix est au centre des préoccupations. Jean-Baptiste, lui, n'hésite pas : « Quand on fait l’effort d’aller chez un agriculteur, on ne prête pas trop attention au prix. On sait juste que le produit est bon et français, alors pour moi, ça ne pose aucun problème. » Ce rapport au prix, où la qualité prime sur le coût, est partagé par un nombre croissant de consommateurs davantage sensibilisés aux enjeux environnementaux.
Claire Cassier, 28 ans, également de la région parisienne, venue au SIAL pour découvrir les nouvelles tendances alimentaires, confirme. « Oui, ça peut coûter plus cher, mais je pense que l’État pourrait trouver un compromis pour aider les agriculteurs tout en nous permettant de manger mieux. » Claire insiste aussi sur l’importance de la provenance et du marketing : « Les agriculteurs doivent mieux valoriser leurs produits pour que les consommateurs comprennent que ce n’est pas qu’une question de prix. »
Entre méconnaissance et soutien nécessaire
Tous s’accordent à dire que les agriculteurs font face à de nombreuses difficultés. Pour Jean-Baptiste, cela vient en grande partie d’une « méconnaissance de ce que représente l’agriculture en France. On oublie souvent que c’est une des plus grandes richesses de notre pays, aussi bien en Europe qu’à l’échelle mondiale. » Claire ajoute qu’« il est important que les consommateurs se rendent compte de la valeur réelle des produits agricoles et qu’ils prennent conscience du rôle fondamental des agriculteurs dans l’alimentation de qualité. »
Quant aux solutions à apporter, Jean-Baptiste insiste sur l’éducation : « Ce serait intéressant d’intégrer l’agriculture dans les programmes scolaires, pour sensibiliser dès le plus jeune âge à ce métier essentiel. » Il plaide également pour des aides plus adaptées aux jeunes qui souhaitent s’installer, afin de faciliter leur parcours. De son côté, Claire évoque une meilleure rémunération pour les agriculteurs, notamment via des marques équitables où « ce sont les consommateurs qui décident du prix, permettant ainsi de mieux rémunérer les agriculteurs par rapport aux grandes marques. »
Un soutien en devenir pour les agriculteurs
Ces quelques témoignages recueillis au SIAL montrent que les jeunes consommateurs, sensibles aux enjeux environnementaux et à la qualité des produits, sont de plus en plus enclins à soutenir les agriculteurs locaux, même si cela implique un coût supplémentaire. Toutefois, ils soulignent la nécessité d’une meilleure information et d’un soutien plus marqué, tant au niveau de l’éducation que des politiques publiques, pour que l’agriculture française puisse prospérer et répondre aux défis de demain.