Quel usage des réseaux sociaux ?
Les réseaux sociaux sont multiples et omniprésents dans la société, y compris chez les agriculteurs. Lesquels utilisent-ils, comment et pourquoi ? Et comment faire pour bien gérer son temps sur ces nouvelles plateformes ?
Les agriculteurs sont plus que jamais connectés. D’après l’étude Agrinautes-Agrisufeurs réalisée en 2016, 81 % d'entre eux utilisent Internet au moins une fois par jour pour leur travail. Parmi ceux qui ont un smartphone (44 %), plus de la moitié passe au moins 30 minutes par jour sur le web.
Et la place des réseaux sociaux dans tout ça ? Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ils ne sont pas réservés à la sphère privée. D’après la même enquête, 33 % des agriculteurs utilisent au moins un réseau social pour le travail, avec une préférence pour Facebook talonné de près par YouTube, Google + et Twitter. Et on observe une appétence particulière pour la vidéo... pour 82% d’entre eux !
Promouvoir l’agriculture
La vidéo, un format dont Étienne Fourmont s’est emparé pour communiquer sur son métier d’éleveur laitier. En septembre 2017, ce jeune agriculteur établi dans la Sarthe crée sa chaîne YouTube, « Étienne agri youtubeurre », qui compte déjà près de 1 000 abonnés. « Le but c’est de parler de tout, de ne rien cacher, d’être transparent à 100 % », explique Étienne. Équipé d’un smartphone et d’une perche à selfie, il réalise des courtes vidéos dans lesquelles il se met en scène pour expliquer ce qu’est une génisse ou encore comment se passe une insémination. « Je choisis les thèmes en fonction du travail qu’il y a sur la ferme. Là, par exemple, je vais poster une vidéo sur le parage – l’entretien des sabots des vaches – parce que j’en ai fait la semaine dernière. »
Le jeune éleveur veut toucher le grand public en utilisant des mots simples et en jouant la carte de l’humour « pour que le message passe mieux ». Mais il cherche surtout à défendre l’élevage. « Nous sommes beaucoup attaqués en ce moment (…) par les anti-élevage, alors que notre activité est vraiment indispensable pour notre société. En plus, on a sans doute l’une des meilleures agricultures au monde en termes de qualité et de respect de l’environnement, donc il faut le montrer. »
Créer du lien social
Communiquer sur l’agriculture, c’est aussi la raison d’être du compte Twitter France Agri Twittos. Un compte créé en juin dernier par Cyrille Champenois, céréalier dans les Ardennes : « On veut mettre en avant les messages positifs. » Articles d’actualité, annonces d’événements, photos, vidéos, GIFs et même jeux-défis sont partagés par les plus de 2 900 followers, puis relayés dans leurs propres cercles. Cyrille Champenois a ouvert ce compte pour tisser du lien entre les agriculteurs présents sur la toile, en organisant par exemple des tweets apéros. « On se donne rendez-vous dans un stand qui nous héberge, en général sur un salon, et on prend l'apéro tous ensemble, explique Cyrille. C'est une manière de se rapprocher. »
Mais les membres de France Agri Twittos échangent aussi en interne, dans des groupes privés de discussion. Des groupes composés à la fois d’agriculteurs et d’acteurs des différentes filières. « C’est du 50/50 », précise-t-il. Ces espaces de discussion permettent à la communauté de « mieux se comprendre » et d’avoir des discussions techniques et constructives. « Dernièrement, une personne [du groupe] a demandé aux membres agriculteurs leur avis pour améliorer une carte d’épandage localisé », se félicite M. Champenois.
Partager le savoir-faire
Pour les conseils pratiques et les retours d’expérience, d’autres préfèrent Facebook. Comme Gaëtan Bouchot, céréalier en Haute-Marne, qui s’est lancé dans l’agriculture de conservation il y a trois ans pour résoudre un problème de fertilité du sol. Vu le peu d’informations disponibles en la matière, il se tourne vers les réseaux sociaux et notamment vers le groupe Facebook « L’Agriculture de conservation : le semis direct, les TCS, les couverts... » qui compte plus de 28 000 membres. « Ce que j’aime dans ce groupe, c’est que les gens sont ouverts. Ils parlent de ce qu’ils font et de ce qu’ils ne font pas », raconte Gaëtan. « Ça me permet de savoir ce qui se fait dans d’autres régions, de comparer, de voir si on peut adapter certaines pratiques selon la terre et le climat. » Gaëtan Bouchot a ainsi appris qu’il est possible de cultiver du maïs en semis direct. Il a depuis tenté l’expérience, avec succès. « Ça apporte de la confiance car on va parfois dans l’inconnu ! »