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Nutrition animale : les professionnels misent sur la bonne dynamique de l’élevage français

Le secteur de la nutrition animale compte produire 20 Mt d’aliments composés l’an prochain (contre 19,6 Mt en 2024) en s’appuyant sur « le redéploiement de l’élevage en France », et notamment celui de la volaille.

Nutrition animale : les professionnels misent sur la bonne dynamique de l’élevage français

Les représentants de la nutrition animale (Snia) ont affiché leur confiance et optimisme à l’occasion d’une conférence de rentrée organisée le jeudi 12 septembre. Malgré le contexte très en berne de la ferme France, marqué par la mauvaise récolte céréalière et une pression sanitaire sur les élevages qui s’accentue, ces derniers disent observer « des signes de frémissement » d’un marché qui reprend des couleurs. Ce rebond est principalement porté par la reprise d’activité de la filière volaille après l’épisode dévastateur de l’influenza aviaire, subi en 2022 ; boostée notamment par le succès de sa campagne de vaccination.

« On a vraiment confiance », souligne Phillipe Manry, vice-président du Snia et directeur général de Sanders. Après avoir produit 19,1 Mt en 2023 et projeté une année 2024 à 19,6 Mt, le Snia se dit « réaliste » à produire 20 Mt dès 2025.

Installer de nouveaux éleveurs

Cette confiance en l’avenir, les représentants du Snia disent également la fonder sur le travail des filières « largement mobilisées pour lutter contre la réduction des élevages et engagées pour redéployer les activités sur les territoires, en attirant de nouveaux éleveurs, en créant de nouveaux élevages ou en les agrandissant ». L’objectif, expliquent-ils, est bien de répondre à la demande du marché français avec des produits français et non des produits importés « souvent à bas coûts et ne respectant ni la réglementation ni les bonnes pratiques » que ce soit en matière de traçabilité, de qualité, de sécurité sanitaire, de préservation de l’environnement ou de bien-être animal.

Gros point d’interrogation sur le RDUE

C’est le point chaud qui cristallise actuellement le milieu de la nutrition animale : l’application du Règlement européen contre la déforestation et la dégradation des forêts (RDUE) dont l’entrée en vigueur est prévue le 30 décembre prochain. Sept produits et leurs dérivés sont concernés : café, caoutchouc, cacao, huile de palme, bois, bovins et le soja, utilisé en particulier pour fabriquer des tourteaux à destination de la consommation animale. À quatre mois de l’échéance, le Snia demande en urgence à « clarifier les conditions de son application dans les plus brefs délais, sous peine de mettre en danger la continuité d’activité du secteur et l’équilibre économique des élevages en France ». Le principal point bloquant, explique Stéphane Radet, directeur du Snia, est « la géolocalisation des parcelles au niveau des pays qui fournissent du soja à l’Europe ». Le manque de coopération des pays concernés bloquerait le bon déroulé de son application. Les représentants du Snia partagent leur inquiétude sur les quantités disponibles en soja et ses prix pratiqués. « Il y a un vrai risque de rupture de la chaîne d’approvisionnement. […] Face à cette grande incertitude, nos fournisseurs ne se positionnent pas, ce qui laisse présager des difficultés en termes de volumes disponibles et des prix », alerte Ludovic Michel, vice-président du Snia et co-dirigeant du groupe Michel.