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Méligèthes du colza, la surveillance est de mise

La hausse des températures favorise le déplacement des méligèthes vers les parcelles de colza. La pression qui était restée modérée jusqu’à présent, risque de s’amplifier. Il est désormais indispensable de surveiller l’évolution de leurs populations, jusqu'à l’arrivée des premières fleurs.

Meligethe sur colza

Les méligèthes peuvent être très nuisibles à la culture du colza s’ils sont présents en grand nombre ou si le colza a été fragilisé auparavant. Les méligèthes adultes se nourrissent du pollen des boutons floraux avant qu'ils n'éclosent et empêchent le développement des fleurs. Le risque de pertes est d’autant plus important que les boutons sont petits.

Période à risque

La hausse de température que nous observons ces derniers jours est propice au déplacement vers les parcelles de colza de ces petits coléoptères de 1,5 à 2,5 mm, noirs brillants avec des reflets métalliques parfois verts. La pression qui était restée modérée jusqu’à présent, risque de se renforcer dans les jours à venir. La surveillance des parcelles est désormais de mise, jusqu'à l’arrivée des premières fleurs. Car dès que les fleurs apparaissent dans le colza, le risque disparaît. « Lorsque les fleurs sont ouvertes, le pollen est libre d’accès et la nuisibilité devient généralement nulle et les traitements inutiles, expliquent les ingénieurs de Terres Inovia. Les femelles pondent pendant la floraison dans les boutons, mais cela n’endommage pas la plante. »

Une variété plus précoce

La première stratégie de lutte consiste à mélanger au moment du semis deux variétés de colza dont l’une est plus précoce d’environ 15 jours à la floraison, comme Alicia ou Troubadour, à raison de 5 à 10 % du volume de semences. Lorsque cette variété plus précoce commence à fleurir, elle attire les méligèthes et permet de leur fournir le pollen qu’ils recherchent, sans que ces insectes ne détruisent les boutons floraux de la variété principale.

En cas de pression forte

En cas de forte pression de méligèthes ou lorsque les insectes arrivent sur des colzas fragiles et peu développés, une lutte chimique peut s’avérer indispensable. Le seuil de déclenchement d’une intervention varie selon le stade du colza et la vigueur de la culture, de 1 méligèthe par plante au stade D1, boutons encore accolés sur colza peu vigoureux, à 4 à 9 par plante selon les régions, sur colza vigoureux, au stade E, boutons séparés. « La stratégie de lutte vis-à-vis des méligèthes a pour objectif de maintenir la population à un niveau tolérable et non à l'éradiquer, précise l’institut technique. L’objectif est que la floraison puisse s’engager sans retard important et que les compensations puissent s'exprimer au maximum. Le colza dispose d’importantes capacités de compensation. »

Pas toutes les pyréthrinoïdes

Avec la disparition de plusieurs insecticides autorisés contre les méligèthes, la lutte chimique contre cet insecte dans le colza s’est compliquée. Les pyréthrinoïdes sont toujours autorisées, mais les méligèthes sont, depuis des années, résistants à la plupart d’entre elles, celles en “ine” (cyperméthrine, deltaméthrine, lambdacyhalothrine). Seules deux substances actives de cette famille chimique, le tau-fluvalinate et l’étofenprox, conservent leur efficacité contre ces insectes. En cas de risque avéré de charançon de la tige, de méligèthes et de seuil méligèthes dépassé, Terres Inovia recommande d’opter pour le Trebon 30 EC.
L’institut technique conseille également de ne pas intervenir trop rapidement contre les méligèthes afin d’essayer de toucher un maximum d’insectes, et d’intervenir avec environ 200 l/ha d’eau, en évitant les trop bas volumes, inférieurs à 100 l/ha. Il conseille aussi d’attendre plusieurs jours pour voir s’il est nécessaire de réintervenir après une première application, et d’éviter de traiter à partir de l’apparition des premières fleurs, sauf si la pleine floraison ne se produit pas une semaine après.