L’ovin à la croisée des chemins
La filière ovine française cherche à consolider son modèle. Notamment par la mise en œuvre efficace d’Egalim 2. Une nécessité pour faire face aux vents contraires annoncés dans les prochaines années.
Troisième producteur de viande ovine à l’échelle européenne avec 5,5 millions d’ovins adultes (18 360 élevages détenteurs de plus de cinquante brebis, selon les données Interbev de 2020), et deuxième consommateur (2,2 kilos consommés par an et par habitant), la France poursuit sa quête d’une production « compétitive et performante ». C’était le thème du 75e congrès de la Fédération nationale ovine (FNO) qui s’est tenu les 7 et 8 septembre au Puy-en-Velay.
L’objectif n’est pas nouveau. Dans une filière exposée dès les années 1980 aux flux mondiaux – les abattages en France représentent 44 % de la consommation, le reste étant de l’importation –, la FNO et ses partenaires ont cherché à mieux structurer la filière. Ils ont notamment mis sur pied les programmes « Reconquête Ovine » (2009) pour recruter de nouveaux producteurs et renouveler les effectifs, et « Inn’Ovin » (2015) pour renforcer le revenu des éleveurs et augmenter la production.
« En 2010, la filière a aussi convaincu les pouvoirs publics de mettre en place une aide couplée qui a octroyé une bonification aux éleveurs engagés dans la contractualisation », précise la présidente de la FNO, Michèle Boudouin. La filière a ainsi réussi sa mue, étant aujourd’hui suffisamment attractive pour parvenir à remplacer chaque départ en retraite par une nouvelle installation.
Voir encore plus loin
Ces dernières années, la filière a bénéficié de l’engouement du marché pour le lait de brebis, qui a suscité bon nombre d’installations. « Le contexte de pénurie mondiale de viande d’agneau a joué en faveur des cours qui se sont redressés à des niveaux sans précédent », souligne Mme Boudouin. Mais la pérennisation de la filière nécessite plus que cela, car la période de Covid a encore accéléré l’importation de viande ovine venue de Nouvelle-Zélande et d’Australie, et des accords de libre échange viennent d’être signés ou sont en passe de l’être.
Egalim 2, dite également loi Besson-Moreau du nom du député qui l’a portée, constitue une aubaine pour « travailler sur la transparence des marges » et mettre en place « un système de contractualisation faisant référence aux coûts de production à chaque maillon de la chaîne, jusqu’aux distributeurs », indique la FNO dans son dossier de presse.
À ce jour, 70 % des éleveurs ovins lait et 60 % des éleveurs allaitants sont en contrat avec leur organisation de producteurs. « Ce qui manque, c’est le contrat entre les abatteurs et les distributeurs », ajoute Michèle Boudouin. Le temps presse car la contractualisation sera rendue obligatoire en lait dès le 1er octobre, et en viande au 1er janvier prochain.
Face aux importations de viande ovine qui pourraient progresser encore à l’avenir, la FNO réclame du gouvernement français un meilleur encadrement des importations : contingent frais-surgelé, saisonnalité des flux d’importation, date d’abattage, étiquetage spécifique agneau-mouton. Elle lui demande aussi de veiller au bon respect de l’accord de l’UE avec l’Irlande du Nord pour que de la viande importée au Royaume-Uni ne rentre pas en Europe par ce biais.