Les JA se mobilisent pour remettre du bon sens !
Depuis début novembre, les JA se mobilisent un peu partout en France pour exprimer leur colère. Entre les accords commerciaux, la transition écologique rabâchée, le manque de transparence sur l’étiquetage ou encore le flou autour du PLOAA, les sujets de mécontentement se multiplient au sein de la profession. Jeunes Agriculteurs a décidé de hausser le ton en organisant des manifestations partout en France.
« On marche sur la tête ! », tel est le slogan qui fleurit un peu partout dans l’Hexagone depuis quelques semaines. Et avec les paroles, les actes ! Tous les jours un peu plus de communes se réveillent avec leurs panneaux inversés. Si certains ont cru à un coup d’hurluberlus, il n’en est rien. Cette action, symbolique et sans dégradation, menée par Jeunes Agriculteurs conjointement avec la FNSEA vise à exprimer le ras-le-bol des agriculteurs. « C’est un constat généralisé d’exaspération », justifie Pierrick Horel, secrétaire général à Jeunes Agriculteurs.
Partout en France, des mobilisations s’organisent. Voici les témoignages que nous avons pu recueillir dans certains départements.
Lozère – Occitanie
En Lozère, ils étaient une cinquantaine de jeunes agriculteurs à être postés devant la Direction départementale du territoire (DDT) de Mende, jeudi 16 novembre. « Comme beaucoup de départements, nous avons commencé par retourner les panneaux des villes environnantes. Nous avons ensuite décidé de sortir nos tracteurs pour protester », explique Hervé Boudon, président JA de Lozère. Parmi les nombreuses revendications, deux étaient au cœur de leur action : le sujet des « prairies sensibles » et la prédation. « Sur les « prairies sensibles », nous voulons être écoutés et travailler avec le gouvernement. Des cartes ont été faites sans que nous soyons consultés. C’est un vrai problème qui met sous cloche tout notre département et empêche l’installation des jeunes agriculteurs. » Les JA de Lozère ont refusé d’être reçus par la préfecture. « Nous en parlons ensemble depuis longtemps, ils savent très bien ce que nous demandons. Nous voulons maintenant des actes ! », lance Hervé Boudon. S’ils ne sont pas entendus, le président départemental annonce que « d’autres actions seront prévues dans les prochains jours. »
Ain – Auvergne-Rhône-Alpes
C’est dans la nuit du lundi 27 au mardi 28 novembre qu’ils ont démarré, en retournant les panneaux dans l’ensemble des 200 communes du département de l'Ain ainsi que la carte du département qui indique les communes. Pour montrer leurs frustrations, les JA en concert avec la FDSEA ont fait le tour des GMS du département pour sortir des rayons les produits non conformes, mal étiquetés ou d'origine étrangère. Après cette tournée, ils en ont acheté quelques-uns pour les ramener à la préfète qui les recevait dans l’après-midi. Ces produits ont ensuite été donnés aux Banques Alimentaires.
Manche- Normandie
Une soixantaine d’agriculteurs manchois de Jeunes Agriculteurs et de la FNSEA ont battu le pavé à Coutances, mercredi 22 novembre. Ils se sont rassemblés devant l’Office français de la biodiversité (OFB) pour exprimer leur ras-le-bol face à la « surenchère administrative ». « Pour tailler les haies ou curer les cours d’eau, il y a tout un tas de papier à remplir, ce n’est plus possible ! Au point que plus personne ne fait rien par peur des sanctions. À travers cette action, nous avons voulu mettre en lumière cette problématique qui devient étouffante », peste Luc Chardine, président JA de la Manche. Pour illustrer cette charge, les agriculteurs présents ont déversé des branchages et une multitude de papiers sous les fenêtres de l’OFB. « Avec les intempéries de ces derniers jours, nous voyons bien qu’il est impératif d’entretenir nos campagnes. Nous ne sommes pas là pour détruire la nature, les agriculteurs ne sont pas des délinquants ! », poursuit Luc Chardine. Reçu par le préfet, l’OFB et la DTTM les agriculteurs espèrent maintenant des avancées et assurent vouloir « privilégier le dialogue ».
Tarn – Occitanie
« On marche sur la tête à plusieurs niveaux », peste Bruno Madaule, agriculteur dans le village de Poulan-Pouzols. Mardi 14 novembre, dans les rues d'Albi, quelques centaines d'agriculteurs du Tarn ont répondu à l’appel des syndicats Jeunes Agriculteurs et FDSEA pour dénoncer la taxation du GNR, le gazole utilisé par la profession, les retards de paiement des aides européennes et plus généralement le manque de politique volontariste sur les retenues d'eau. « Il y a un mal-être dans les campagnes, un ras-le-bol général. Est-ce qu'on veut encore de nos agriculteurs en France ? Les enfants ne reprennent plus les exploitations, c'est beaucoup de travail et on a du mal à sortir un salaire », réagit Lionel Aussenac, secrétaire général JA Tarn. Les manifestants ont installé une bâche remplie d'eau devant la cité administrative, afin de sensibiliser sur les problèmes d'irrigations dus aux récentes sècheresses et réclamer la construction de retenues d'eau. À l’issue de la mobilisation, Michel Vilbois, préfet du Tarn a reçu une délégation d’agriculteurs pour : « entendre leurs revendications et échanger avec eux ».
Ardennes – Grand Est
En gilets verts et roses fluo, floqués « Pas de transition sous pression ! » ; les Jeunes Agriculteurs et la FDSEA des Ardennes se sont mobilisés, ce lundi, 20 novembre, pour faire entendre leur désarroi et mécontentement face à la pression qu’ils subissent. Au cœur de leurs revendications : « Une accumulation de plans qui ne freinent pas l’empilement et un manque d’ambition, de structuration et de vision claire pour l’avenir », explique leur communiqué conjoint publié le jeudi 16 novembre. Le coup d’envoi a été donné au rond-point Mazagran, un choix stratégique, puisqu’il est situé au carrefour d’axes majeurs des Ardennes, entre Rethel et Vouziers. En deux convois, les agriculteurs ont convergé à Vaux-Champagne chez un exploitant. Là-bas, ils ont notamment retrouvé le préfet des Ardennes, le sous-préfet de Vouziers, une conseillère régionale, la sénatrice et des députés des Ardennes. Le préfet a souhaité à cette occasion partagée la considération qu’il porte au monde agricole en rappelant que les paysans sont indispensables à la France. L’appel à la manifestation a été entendu selon Marlène Petit, animatrice et chargée de communication à JA Ardennes, d’après elle, « les élus et représentants de l’État présents ont tous exprimé leur soutien en faveur du monde agricole, et ont surtout appréciés la manière dont la mobilisation s’était déroulée ».
À travers ses différentes actions, les agriculteurs entendent faire bouger les lignes. « Si au soir du 24 novembre, nous n’avons pas de réponse satisfaisante, nous n’hésiterons pas à faire monter la pression dans les semaines qui suivront », prévient d’ores et déjà Pierrick Horel.