Politique et société

Les agriculteurs expriment leur ras-le-bol

La pression est montée d’un cran ces derniers jours avec le blocage d’autoroutes en Occitanie. Afin d’éviter tout risque d’embrasement et de durcissement, le Premier ministre Gabriel Attal a reçu les présidents Arnaud Gaillot et Arnaud Rousseau de JA et FNSEA, lundi 22 janvier.

 

Les agriculteurs expriment leur ras-le-bol
Mobilisation agricole en Occitanie.

Cela fait plusieurs semaines que les signes de mécontentement se font sentir dans les campagnes. Fin d’année dernière, les mobilisations en Occitanie avec le mouvement « On marche sur la tête » avaient marqué les esprits. Une région particulièrement touchée par les effets du réchauffement climatique. « Le modèle agricole occitan est en train de péricliter, car il ne bénéficie pas d’un soutien adéquat de la part de l’État », affirme Jean-Baptiste Gibert, président des Jeunes Agriculteurs du Tarn-et-Garonne qui veut que le nouveau chef du gouvernement Gabriel Attal fasse de l’agriculture « sa grande cause nationale ». « Il est nécessaire qu’il se rende à Montauban avant le Salon de l’agriculture, estime-t-il, cette visite pourrait apaiser les tensions qui perdurent depuis près de six mois ».

Ces derniers jours, les actions matérialisées notamment par des blocages d’autoroutes entre Toulouse et Bayonne ont accéléré les pourparlers entre la profession agricole et l’exécutif. Lundi 22 janvier à 18h, le Premier ministre Gabriel Attal a reçu les présidents Arnaud Gaillot (Jeunes Agriculteurs) et Arnaud Rousseau (FNSEA) dans le but de trouver des solutions rapidement.

Arnaud Gaillot, président de Jeunes Agriculteurs avec Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, sur le perron de l'Hôtel Matignon, mardi 22 janvier 2024.

Des actes forts demandés

« On a le sentiment d’avoir été écouté, que la chose a été prise au sérieuse », a réagi Arnaud Gaillot, président de Jeunes Agriculteurs, sur le plateau de BFM TV au sortir du rendez-vous. Le représentant agricole exige des « actes forts » sur le court terme avec « l’application de la loi des États généraux de l’alimentation [Egalim] » soulignant qu’il faut d’abord « ramener du revenu » dans les corps de ferme. Arnaud Gaillot a témoigné du ras-le-bol général exprimé sur le terrain, fruit des nombreuses injonctions auxquelles doivent faire face les agriculteurs. « On vous dit « produisez comme ça » et au même moment les consommateurs achètent des produits étrangers. On le voit bien avec les produits issus de l’agriculture biologique » a-t-il précisé.

Un fossé semble s’être donc créé entre d’un côté des agriculteurs qui considèrent pratiquer une des agricultures les plus vertueuses au monde et de l’autre, une société qui leur exige toujours plus, mais qui dans un même temps adopte des comportements parfois en contradiction avec ce qu’elle prétend vouloir.  

À l’échelle européenne, la grogne agricole française fait écho à celles en cours en Allemagne, aux Pays-Bas, en Roumanie et Pologne. Dans ces pays, des actions sont menées actuellement suite à la hausse des taxes et d’une manière générale pour dénoncer les mesures du Pacte vert (Green deal en anglais).

À moins d’un mois du Salon de l’Agriculture, qui débutera le 24 février, et à cinq mois des élections européennes (le 9 juin), les décisions qui devraient, selon l’exécutif, intervenir dans les prochains jours seront déterminantes.