Politique et société

Les éleveurs sur la trajectoire du bas-carbone

Dans la trajectoire de la France vers la neutralité carbone en 2050, l’élevage prend sa part avec des objectifs précis et des baisses significatives. Mais il reste encore du chemin à parcourir. D’autant plus qu’elle travaille en parallèle sur la réduction des polluants en élevage.

Le porc également mis à contribution.

Cette route vers moins de gaz à effet de serre et de particules a fait l’objet d’un point d’étape il y a quelques semaines. Lors d’un webinaire, des représentants des instituts techniques du ruminant (Idele), du porc (Ifip) et de la volaille (Itavi), membres du réseau mixte technologique BATICE (Bâtiment au cœur des enjeux) ont rappelé que les émissions de GES baissent en agriculture, et singulièrement en élevage -59,3 % des émissions du secteur (fermentation entérique des ruminants, fertilisation…).

Les indicateurs les plus récents du Citepa, centre d’expertise des inventaires d’émissions de polluants et gaz à effet de serre pour le gouvernement démontrent que l’agriculture, contributeur de 18,7 % des émissions de GES en France (base 2022) a fait baisser ses émissions de 1,8 % par an en moyenne entre 2017 et 2022. Des chiffres en phase avec la Stratégie nationale bas-carbone (SNBC) qui fixe des seuils à atteindre, secteur par secteur, pour que la France atteigne la neutralité carbone en 2050.

Stockage de carbone et production d’énergie renouvelable

Pour abaisser les émissions de N2O (protoxide d’azote) et de CH4 (méthane), les éleveurs ont de plus en plus recours au stockage de carbone (couverture des sols entre deux cultures, reconstitution des haies entre les champs, non retournement des prairies…) et à la production d'énergie à partir de biomasse (biocarburants, biogaz). Le recours aux énergies renouvelables en substitution aux énergies fossiles s’est accéléré au moment de l’inflation des prix lors de la reprise économique post-Covid et du déclenchement de la guerre en Ukraine. Les éleveurs étudient également les manières de réduire les émissions de particules fines (laveurs d’air, brumisation, biofiltre en élevages de porcs et de volailles) pour améliorer le confort des animaux et des hommes.

Mais il y a encore du chemin à parcourir pour atteindre le point d’étape vers la neutralité carbone 55 % de baisse des émissions de GES en baisse de 55 % en 2030 par rapport à 1990. Pour que la trajectoire ne fléchisse pas, Anaïs Durand (Citepa) identifie trois leviers principaux : « les additifs dans l’alimentation, la génétique et la méthanisation ». Différents programmes existent.

La lisiothermie, levier pour réduire les émissions

Citons par exemple le projet Méthane 2030 piloté par l'Idele qui vise à réduire de 10 % les émissions de méthane d’ici à 2030 en France. Ou encore ce label bas-carbone déposé par la filière porcine au ministère de la Transition Écologique pour que les éleveurs puissent demain valoriser leurs efforts de réduction d’émissions par des crédits « carbone ». Dans ce secteur, les éleveurs travaillent déjà « sur l’alimentation (baisse de l’apport en protéines, alimentation de précision…) et sur les effluents pour limiter leur temps de présence (et donc d’émissions de gaz à effet de serre NDLR) sous le bâtiment », explique Solène Lagadec (chambre d’agriculture de Bretagne).

Se développe encore, toujours en porc, la lisiothermie qui consiste à récupérer une partie des calories du lisier par échangeur thermique pour chauffer les salles de maternité ou de post-sevrage. La lisiothermie permet ainsi de réduire les émissions de GES. Le mouvement est donc global, mais il est aussi coûteux. Question : les éleveurs parviendront-ils à amortir ces investissements ?